UNIVERSITÉ de STRASBOURG

Master 2 « Stratégies de la propriété intellectuelle et innovation»

 

 

 

 

 

 

INFLUENCE DES CRITERES E.S.G. SUR LES STRATEGIES D’INNOVATION DES ENTREPRISES

 

En quoi les critères ESG peuvent-ils déterminer et influencer une stratégie d’innovation et de Propriété Intellectuelle ?

 

 

 

 

 

MÉMOIRE DE MASTER 2 Présenté par Emmanuel BEAUJON

Sous la direction de Mme Laurence FRANCK, Maître de conférence à la Faculté de droit de Strasbourg.

 

 

 

 

 

Année Universitaire 2022-2023


 

 

 

 

 

 

 

Le monde de l'innovation est en constante évolution, portée par des technologies toujours plus performantes et une concurrence féroce.

Dans ce contexte, il est vital de comprendre les mécanismes de l'innovation et les méthodes qui la stimule et la protège.

 

 


 

 

 

Remerciements

 

Je tiens à exprimer ma gratitude à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce travail.

Tout d'abord, je voudrais remercier mon fils Louis, qui a été une source d'inspiration et de courage pour moi tout au long de ce parcours académique. Tes encouragements m'ont été précieux et m'ont aidé à poursuivre mes études avec détermination.

Je tiens également à remercier mon entreprise Pfeiffer, qui m'a soutenu dans la réalisation de ce parcours.

Enfin, je remercie Laurence Franck, ma tutrice, pour son soutien et ses précieux conseils tout au long de la réalisation de ce mémoire. Votre expertise, votre disponibilité et votre bienveillance m'ont permis de progresser et de réaliser un travail de qualité.

Je suis également reconnaissant envers tous les professeurs qui m'ont accompagné tout au long de ce parcours académique et qui m'ont permis d'acquérir de nouvelles connaissances et compétences.

Je tiens à exprimer ma gratitude envers tous mes amis et ma famille qui m'ont encouragé tout au long de cette formation.

 

 

 

 

 

 


 

Contents

1       INTRODUCTION. 8

2       LES CRITERES E.S.G. 11

2.1      Du siècle des lumières, aux métriques de l’investissement responsable. 11

2.2      Définition des ESG.. 14

2.2.1      Les régulateurs. 14

2.2.2      Les agences de notation ESG.. 15

2.2.3      Les organisations de la société civile. 17

2.2.4      Les investisseurs institutionnels et les gestionnaires d'actifs. 18

2.2.5      Les entreprises. 19

2.3      ESG, RSE, et régulation. 20

2.4      Construction des scores ESG par les agences. 21

2.4.1      Catégorisation. 21

2.4.2      Collecte de données. 22

2.4.3      Attribution de scores par sous-catégorie. 22

2.4.4      Attribution de scores de pilier et du score global 24

2.5      Principales catégories des ESG.. 25

2.5.1      Environnementale. 25

2.5.2      Sociale. 26

2.5.3      Gouvernance. 27

2.6      Exemple. 27

2.6.1      Choix du secteur industriel et des entreprises. 27

2.6.2      Sustainalytics. 28

2.6.3      Refinitiv. 29

2.6.4      MSCI 30

2.7      Critiques et limites des ESG.. 31

2.8      Evolution et perspectives. 32

3       FACTEURS D’INFLUENCE SUR L’INNOVATION. 34

3.1      Culture d’entreprise. 34

3.1.1      Culture organisationnelle. 34

3.1.2      Capital social 34

3.1.3      Culture de l’innovation. 35

3.2      Bien-être au travail & salaire. 35

3.3      Diversité. 36

3.3.1      Modes de pensée. 36

3.3.2      Diversité culturelle. 36

3.4      Formation. 37

3.4.1      Compétences techniques. 37

3.4.2      Apprendre à Innover 37

3.5      Management 38

3.5.1      Leadership. 38

3.5.2      Diversité du conseil d’administration. 38

3.6      Ressources. 39

3.7      Règlementation et politiques publiques. 39

3.8      Partenariats et Open innovation. 40

3.9      Besoin client 41

3.10        Environnement économique. 41

3.10.1        Situations de crise. 41

3.10.2        Concurrence. 42

3.11        Stratégie de propriété intellectuelle. 42

3.11.1        Stratégie défensive. 43

3.11.2        Stratégie de licences. 44

3.11.3        Stratégie coopérative. 44

3.11.4        Stratégie de mouvement 45

4       CHAMPS D’INFLUENCES POSSIBLES. 46

4.1      Limites de l’étude. 46

4.2      Synthèse des Interactions potentielles identifiées. 47

4.3      Pratiques durables vs Culture d’entreprise. 48

4.4      Conditions de travails vs relations sociales. 48

4.5      Eco-innovation vs culture de l’innovation. 49

4.6      Diversité. 49

4.7      Formation. 50

4.8      Diversité du conseil d’administration. 50

4.9      Emission (Scope 3), Sécurité des produits vs Besoin client 51

4.10        Eco-innovation vs Stratégies de propriété intellectuelle. 52

4.10.1        Intérêt directes. 52

4.10.2        Incertitudes et controverses. 52

4.10.3        Exemple. 53

4.10.4        Propositions de stimulation par les ESG.. 53

4.10.5        Proposition de contrainte, adossée à TRIPS. 55

4.10.6        Proposition de contrainte, sur le modèle des brevets non-exploitées  56

5       RETOUR A LA REALITE DES ENTREPRISES. 60

5.1      Satisfaire ses parties prenantes. 60

5.1.1      Parties prenantes majeures. 60

5.1.2      Ordonnancement des principales responsabilités des entreprises. 61

5.1.3      Mesure de l’engagement responsable. 62

5.1.4      Primat de l’économie. 64

5.1.5      Innovation et profit 65

5.1.6      Satisfaire toutes les parties prenantes et innover 66

5.2      La responsabilité sociale, face aux difficultés financières. 66

5.3      La responsabilité sociale face à une forte pression concurrentielle. 68

5.4      La responsabilité sociale face à la morphologie de l’actionnariat 69

5.5      Quel impact si les critères ESG ne sont pas pris en compte. 69

5.5.1      Pour les entreprises nativement vertueuses. 69

5.5.2      Pour les entreprises au comportement purement financier 70

6       CONCLUSION. 72

7       ANNEXE. 74

7.1      Catégories d’enjeux ESG par MSCI 74

7.2      Catégories d’enjeux ESG par Sustainalytics. 77

7.3      Catégories d’enjeux ESG par Refinitiv. 80

7.4      Notation des principales agences ESG pour une sélection d’exemples. 81

8       BIBLIOGRAPHIE. 83

 

 


 

1       INTRODUCTION

 

Préciser qu’il n’y a pas d’études sur ce sujet La littérature existante a peu exploré les interactions entre

European Competitiveness Report 2008 4.2. Corporate Social Responsibility

La théorie des parties prenantes part du principe que l’entreprise ne devrait pas uniquement être attentive à ses actionnaires mais bien à l’ensemble des catégories d’acteurs avec lesquels elle est en relation

Does Corporate Social Responsibility Impact Firms' Innovation Capacity?

The Indirect Link between Environmental & Social Governance Implementation and Innovation Performance

 

La Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est un domaine en pleine croissance tant dans le milieu universitaire que pratique. La RSE, qui a resurgi en tant que tactique de défense des grandes entreprises pendant les manifestations anti-globalisation et anti-capitalistes à la fin des années 1990, adopte maintenant une approche plus positive envers les facteurs environnementaux, communautaires, liés aux effectifs et bien sûr au marché. Dans le marché saturé d'aujourd'hui, il y a de moins en moins de facteurs pour se différencier de la concurrence. La responsabilité est un facteur clé de différenciation qui peut être soutenu à long terme. En plus d'une prise de conscience croissante de la pratique des entreprises dans la décision d'achat des consommateurs, la législation et les pressions de la chaîne d'approvisionnement peuvent contraindre les entreprises à agir de manière plus responsable

 

Le débat Berle-Dodd porte le nom d'une série d'échanges sur les finalités de l'entreprise entre l'architecte du New Deal, A. A. Berle, et Merrick Dodd, un professeur de droit. Dans ce débat, Berle a soutenu que les entreprises devraient "servir... toute la société" par le biais de règles juridiquement applicables, et a soutenu que les intérêts des actionnaires devraient finalement être "égaux" ou "subordonnés à un certain nombre de revendications du travail, des clients et des mécènes, de la communauté". Dodd a soutenu que les pouvoirs des entreprises devraient être considérés comme détenus en "fiducie" par les administrateurs et les gestionnaires, et il a jugé "indésirable... de donner plus d'importance... à l'idée que les entreprises existent uniquement pour faire des bénéfices pour leurs actionnaires". Ce débat est devenu bien connu dans la gouvernance d'entreprise, avec des interprétations largement divergentes, pour le conflit sur la mesure dans laquelle les entreprises devraient poursuivre la "valeur pour l'actionnaire" ou "l'intérêt public". Berle et Dodd étaient tous deux d'accord pour dire que l'entreprise devrait poursuivre l'intérêt public, mais étaient initialement en désaccord sur la manière d'y parvenir.

 

D’abord on défini les esg, et les principaux éléments qui la compose

Ensuite on liste les éléments qui influencent l’innovation

Ensuite on cherche les lien entre les deux

 

Note : Besoin de nouveau critères non-financier pour l’innovation et la PI,…

547-Article Text-2067-1-10-20200828 (1) (1).pdf  P819

En 2018, 120 investisseurs avec plus de 10 000 milliards se sont

engagés. Ils sont majoritairement européens et ont intégré les critères ESG (Novethic2, 2019). S’intéresser à l’engagement des entreprises dans l’intégration des critères ESG dans leurs décisions d’investissement constitue un sujet d’actualité avec une influence considérable (Pastore-Chaverot, 2011) Ce concept développé par Savall & Zardet (2005) montre que l’environnement des entreprises est caractérisé par une série de mesures3 destinées à favoriser la finance éthique.

3 Il s’agit des normes IFRS, les certifications ISO, les normes commerciales et les pactes mondiaux

 

Pastore.Chaverot.Manuela.DMZ1102.pdf

Comme le soulignait Porter (1995) dans la vision néoclassique traditionnelle, toute innovation profitable est implémentée dans l’entreprise du moment où elle permet la maximisation du profit.

 

INTRO MEMOIRE

La créativité individuelle ou la créativité de groupe est cruciale pour la compétitivité des organisations dans des environnements hautement compétitifs (Cohendet, Simon, 2015),

SOCIAL:

Parmi les éléments de contexte, la diversité dans les groupes de travail semble favorable à la génération d’idées (Paulus, 2000).

De récentes études montrent que l’âge, l’éducation, l’environnement social (Han et al., 2014) et le genre (Shin et al., 2012) ont des effets sur la créativité des groupes.

Les recherches sur l’innovation supposent

que les processus d’innovation sont influencés par le genre (Acker, 2006),

dans les équipes de R&D, la diversité de genre favoriserait l’innovation radicale (Díaz-García et al., 2013).

la fluidité créative des femmes est similaire à celle des hommes, (texte)

Finalement l’idée est aussi souvent porteuse de connexions entre les individus car pour exister dans une organisation ou plus largement dans la société, elle doit être socialisée par son ou ses porteurs (Hargadon, Bechky, 2006 ; Perry-Smith, 2006).

GOUVERNANCE:

Par exemple, la présence de femmes au conseil d’administration des entreprises influence positivement la génération d’innovations (Galia et al., 2015 ; Torchia et al., 2011)

 

LA CRÉATIVITÉ EN ÉQUIPE DIVERSIFIÉE

Une équipe inclusive sur le plan de la spécificité des sous-groupes qui la composent offre un contexte rassurant a` l’expression des idées de ses membres.

Ces derniers se montrent davantage motivés et génèrentdavantage d’idées originales. C’est d’ailleurs particulièrement vrai lorsque le critère principal autour duquel se structure un sous groupe est l’identité ethnique (Hornsey & Hogg, 2000; Jetten,Duck, Terry & O’Brien, 2002).

 

Notion de « marque employeur » - attirer les talents creatifs

Bien-être au travail / HO :  stimule la créativité => innovation

Laurence : « la créativité se déploie de manière inversement proportionnelle au contrôle de l’entreprise sur son employé »

 

Croissance externe / valeur de l’entreprise pour les investisseurs : de mon indicateurs ESG, en particulier si on a des actifs PI adossés donnent de la valeur à l’entreprise

 


 

2       LES CRITERES E.S.G.

2.1       Du siècle des lumières, aux métriques de l’investissement responsable

Porté, à l’origine, par la morale religieuse, l’investissement responsable est un concept qui a traversé les siècles.  En s’appuyant sur le nouveau testament, John Wesley, fondateur du mouvement méthodiste, proscrivait déjà tout investissement dans des activités tirant profits de la souffrance humaine (The United Methodist Church, 1772) dès le XVIIIème siècle. Les méthodistes de Wesley ont été suivis en 1798 par les Quakers[1], interdisant les investissements dans l'esclavage et la guerre (Feldman, 2007). Les premiers fonds dit étiques émergent réellement dans les années 1920, aux Etats-Unis. Proposant l’exclusion des entreprises appartenant aux « sin stocks » [2], ces fonds, comme le Pionner fund , créé à Boston en 1928, bien que critiqués car étant le reflet d’une Amérique puritaine et matérialiste à la fois, restent les premiers du genre (Arjaliès, 2014), et existent encore de nos jours.

Mais le réel essor de l'investissement socialement responsable a commencé dans les années 1960, lorsque les étudiants manifestant contre l’engagement Américain dans la guerre du Vietnam ont exigé que les fonds de dotation universitaires n'investissent plus dans les sous-traitants de la défense (Oreskes, 1985). Les préoccupations sociales et environnementales ont ainsi commencé à être introduites dans les propositions d'investissement financier. Cette période a vu émerger des mouvements sociaux et politiques qui ont poussé les investisseurs à prendre en compte l'impact de leurs investissements sur la société et l'environnement. Des groupes activistes, des organisations religieuses et des fonds de pension ont, grâce au levier de l’investissement, commencé à exiger des pratiques plus éthiques et durables de la part des entreprises.

Dans les années 1980, la montée de la finance moderne et la croissance des fonds communs de placement ont conduit à une commercialisation accrue de l'ISR[3]. L’anxiété générée par la catastrophe de Tchernobyl en 1986, et les critiques de plus en plus virulentes contre l’Apartheid en Afrique du Sud ont incité les entreprises Américaine à s’extraire de ce pays (Lansing, 1981) et à promouvoir les solutions sauvegardant l’environnement.  Les fonds d'investissement socialement responsable ont ainsi commencé à se développer, en réponse à la demande des investisseurs individuels et institutionnels qui cherchaient à aligner leurs investissements sur leurs valeurs personnelles. Ils ont alors mis l'accent sur des critères environnementaux et sociaux pour sélectionner les entreprises dans lesquelles ils investissaient.

Dans les années 1990, les ISR ont connu une expansion importante en Europe et en Amérique du Nord. Ils ont élargi leur portée en incluant des critères supplémentaires, tels que les droits de l'homme et la diversité. Le mouvement a également commencé à inclure des investissements thématiques, tels que les énergies renouvelables et la santé, ainsi que des investissements axés sur l'engagement des actionnaires pour améliorer les pratiques de gouvernance des entreprises.

Conjointement à cette croissance rapide, l'ISR a cependant été confronté à de nouveaux défis, le plus important étant la difficulté de mesurer et justifier son impact social et environnemental. Les investisseurs réclamaient, légitimement, des données fiables afin d’évaluer les performances des entreprises en matière de durabilité et de responsabilité sociale. Or, il n'existait pas de normes claires en matière de communication des résultats des ISR, ce qui rendait la comparaison des performances des différents fonds ISR difficile, voire impossible (Arjaliès, 2014).

Ainsi, en 2006, les principes pour l'investissement responsable des Nations Unies (UN PRI[4]) ont été posés. Les signataires de l'UN PRI s'engagent à mettre en œuvre les six principes fondateurs de l'initiative, qui incluent l'incorporation des considérations Environnementales, Sociales et de Gouvernance (ESG) dans les analyses de décision d'investissement, la transparence dans la divulgation des pratiques d'investissement, et l'engagement avec les entreprises dans lesquelles ils investissent pour améliorer leur performance ESG (UNPRI, 2023). Regroupant 63 signataires et 6,5 milliards de dollars d'actifs, à l’origine,  les UN PRI comptaient plus de 4 902 signataires et plus de 121 300 milliards de dollars d'actifs en  2022[5].

Bien que l'UN PRI ait incité les investisseurs institutionnels à intégrer les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leurs pratiques d'investissement, il y a des limites à son efficacité. En effet, il se concentre principalement sur les risques financiers associés aux ESG plutôt que sur ses bénéfices environnementaux et sociaux. De plus, les signataires ne sont pas tenus de rendre compte de leur conformité aux principes de l'initiative, induisant un manque de transparence en matière de mise en œuvre de ses principes (Gray, 2009).

Malgré ces défauts, Les investisseurs sont de plus en plus soucieux de connaître l'impact social et environnemental de leurs investissements, ainsi que la manière dont les fonds ISR sont gérés. Ils réclament ainsi plus de règlementations et soutiennent les initiatives qui permettent de mieux encadrer les fonds ISR (Arjaliès, 2014). Les sociétés de notation ESG, telles que MSCI et Sustainalytics, ont ainsi vu leur nombre et leur importance augmenter en réponse à cette demande croissante de transparence (voir Figure 1).

 Figure 1: Principales étapes du développement de l'ISR (Arjaliès, 2014)

 

Il est a noté que la France a été un précurseur dans ce domaine, en introduisant, dès 2001, les lois sur les "Nouvelles Régulations Économiques" (NRE)[6]. Les lois NRE ont introduit un certain nombre de mesures visant à améliorer la transparence et la gouvernance des entreprises, ainsi qu'à renforcer les droits des actionnaires et des consommateurs. Par exemple, elles ont introduit l'obligation pour les entreprises cotées en bourse de publier des rapports annuels sur leur responsabilité sociale et environnementale, ainsi que des informations sur la diversité de leur conseil d'administration. Elles ont créé l’Autorité des marchés financiers (AMF), et ont sévérisé la réglementation en matière de fusion et d'acquisition, notamment en exigeant que les entreprises impliquées dans une fusion ou une acquisition consultent les représentants des travailleurs et les actionnaires minoritaires avant de prendre leur décision (Pastore, 2011).

2.2       Définition des ESG

L'acronyme ESG fait donc référence aux critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance évalués au sein des organisations. Il est utilisé pour décrire les différents critères extra-financiers que les entreprises utilisent pour expliquer et valoriser leurs pratiques commerciales et industrielles durables. D’abord crées pour les investisseurs, les critères ESG sont aussi destinés à l’information de diverses parties prenantes comme les clients, les fournisseurs, les employés ou encore les autorités locales, autrement que par des bilans économiques.

Les critères ESG ne sont pas édités par une seule organisation ou entité, ils sont définis et interprétés de différentes manières, dépendantes de la sensibilité et de la perspective de ceux qui les publient.

2.2.1     Les régulateurs

Sans proposer directement des notation ESG, les régulateurs peuvent établir des directives ou des réglementations sur la manière dont les entreprises doivent rapporter leurs performances en matière d'ESG. Par exemple, en Europe, la directive sur la publication d'informations non financières oblige les grandes entreprises à rendre compte de leurs performances en matière d'ESG dans leurs rapports annuels[7].

2.2.2     Les agences de notation ESG

Il existe de nombreuses agences de notation ESG qui fournissent des évaluations sur les entreprises en se basant sur les informations qu’elles publient dans leur rapports officiels. Les types de critères, leur pondération et d’autres paramètres varient en fonction de l'agence de notation. Certaines agences de notation peuvent être plus sensibles sur critères environnementaux tels que l'empreinte carbone, tandis que d'autres peuvent se concentrer sur des critères sociaux tels que les droits de l'homme. Les principales agences de notation identifiées lors du travail de recherche pour cette étude sont :

·       Sustainalytics by Morningstar: Les notations de risque ESG de Sustainalytics couvrent plus de 14 000 entreprises dans 42 secteurs[8]. Elle édite, entre autre, un rapport annuel qui liste les 50 entreprises les mieux notées selon ses critères ESG.

·       Refinitiv by Reuters : Refinitiv évalue et mets à jour sur une base hebdomadaire, les critères ESG d'une entreprise sur 10 thèmes principaux (émissions, innovation produit environnementale, droits de l'homme, actionnaires, etc.). Plus de 10 000  entreprises sont évaluées par Refinitiv.[9]

·       FTSE Russell by LSEG[10] : FTSE Russell fournit des scores ESG pour plus de 7 200 entreprises, divisées en 47 segments de marché[11]. FTSE Russell est connu pour son indice FTSE4Good, qui suit la performance des entreprises ayant des pratiques ESG élevées.

·       MSCI ESG Ratings by Bloomberg: MSCI est aussi une grande agence de notation ESG, fournissant des scores de durabilité pour plus de 2 900 entreprises dans le monde entier. MSCI fournit un indicateur spécifique, le « climate index» qui évalue l’impact de l’entreprise sur le changement climatique. Son index far est le MSCI All Country World Index (ACWI)[12]

·       ISS ESG by Factset: ISS ESG fournit des évaluations ESG pour plus de 7 300 entreprises dans le monde entier et semble être plus sensible aux  évaluations de gouvernance d'entreprise.[13]

·       RepRisk : RepRisk est peu cité, mais revendique être le seul fournisseur de notation ESG à tirer parti du machining learning[14] pour établir ses évaluations. Il indique couvrir ainsi 34 secteurs de marché, y intégrant 227 000 entreprises ![15]

Il convient de noter que ces agences de notation ESG utilisent différentes méthodologies pour évaluer la durabilité des entreprises, ce qui induit une hétérogénéité dans les scores ESG. Par conséquent, il est important de comprendre les méthodologies utilisées par ces agences et de les utiliser comme un outil de comparaison (elles pondèrent souvent leurs critères en fonction du segment de marché) plutôt que comme une mesure absolue de la performance ESG. Malgré ces différences, elles restent la principale source d’information sur les performances non-financières des entreprises.

Enfin, l’accès simplifié aux innovations technologiques et en particulier à l’Intelligence artificielle est en train de provoquer une profonde mutation dans le système des critères ESG. Les technologies de « machine learning » font émerger des notations ESG alternatives,  ces nouvelles approches, auraient plusieurs avantages notamment une plus grande précision, une plus grande transparence, une plus grande personnalisation et une plus grande accessibilité pour les investisseurs. (Hughes et Al., 2021)

 

2.2.3     Les organisations de la société civile

Les organisations de la société civile, telles que les ONG, peuvent faire pression sur les entreprises pour qu'elles adoptent des pratiques durables et transparentes. Les ONG peuvent aussi avoir des préoccupations spécifiques en matière d'ESG, telles que les impacts de l'entreprise sur les communautés locales ou les violations des droits de l'homme.

Sans en porter le nom, certaines ONG font des évaluations de type ESG des entreprises. Les ONG peuvent être une source importante d'informations sur les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance des entreprises, ainsi que sur les impacts de ces pratiques sur les communautés locales et l'environnement. Parmi les ONG qui mènent des évaluations semblables à des ESG, on peut citer :

·       CDP (anciennement Carbon Disclosure Project) : CDP est une organisation à but non lucratif qui recueille des informations sur les émissions de gaz à effet de serre et les stratégies de durabilité des entreprises du monde entier. CDP évalue également la performance ESG des entreprises.

·       Rainforest Action Network (RAN) : RAN travaille pour la préservation des forêts tropicales et pour les droits des peuples autochtones. RAN publie des rapports annuels intitulés "Banking on Climate Change" et "Fossil Fuel Finance Report Card", qui évaluent la performance des banques et des institutions financières en matière de financement des énergies fossiles et de l'industrie des combustibles fossiles. Ces rapports incluent également des évaluations des pratiques des banques et des entreprises en matière de déforestation, de droits des peuples autochtones et d'autres questions connexes.

·       Oxfam : Oxfam est une organisation internationale de lutte contre la pauvreté et les inégalités. Oxfam évalue les politiques et les pratiques des entreprises en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de droits de l'homme, ce qui peut inclure des éléments ESG. Oxfam a publié plusieurs rapports sur la performance des entreprises en matière de RSE et de droits de l'homme, notamment : Le rapport "Behind the Brands" qui évalue les politiques et les pratiques des 10 plus grandes entreprises alimentaires du monde en matière de RSE et de droits de l'homme. Le rapport "The Price of Inequality" qui examine les inégalités économiques et les politiques fiscales des entreprises. Le rapport "The Human Cost of Cheap Clothing" qui évalue les pratiques de l'industrie textile en matière de droits des travailleurs et de durabilité. Sans en porter le nom, ces rapports peuvent être considérés comme des évaluations ESG, car ils évaluent les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance des entreprises.

·       Amnesty International : Amnesty International est une organisation internationale de défense des droits de l'homme. Elle évalue les pratiques des entreprises en matière de droits de l'homme, mais ne se concentre pas spécifiquement sur les questions environnementales et de gouvernance d'entreprise. Amnesty International a publié plusieurs rapports évaluant les pratiques des entreprises en matière de droits de l'homme, notamment : "Time to Recharge" qui évalue les pratiques des entreprises en matière de chaîne d'approvisionnement et de travailleurs migrants dans l'industrie électronique. "Fueling Atrocities" qui évalue les liens entre l'industrie extractive et les violations des droits de l'homme dans les pays en conflit. "Bad Neighbors" qui évalue l'impact des entreprises sur les droits des peuples autochtones dans les régions riches en ressources naturelles.

Bien qui étant assimilables, la plupart des évaluations menées par les ONG ne sont pas stricto-sensu des notations ESG. Elles peuvent être basées sur des critères différents de ceux utilisés par les agences de notation ESG et peuvent refléter des priorités différentes. Il s’agira donc plus de sources d’informations disponibles pour les autres éditeurs d’évaluations ESG.

2.2.4     Les investisseurs institutionnels et les gestionnaires d'actifs

Les investisseurs institutionnels et les gestionnaires d'actifs intègrent les critères ESG dans leur processus d'investissement pour prendre en compte les risques et les opportunités liés à l'ESG. Les investisseurs peuvent avoir des préférences différentes en matière d'ESG en fonction de leur mandat et de leur stratégie d'investissement. Ils sont, le plus souvent, utilisateurs des  évaluations fournies par les agences de notation  ESG, mais peuvent aussi créer leur propre système d’évaluation ESG.

Ces évaluations sont plus difficiles à appréhender que celles fournies par les agences de notations, car elles peuvent prendre plusieurs formes, telles que des notes, des classements ou des rapports. On peut citer, parmi les plus connues:

·       BlackRock : BlackRock est l'un des plus grands gestionnaires d'actifs au monde Il publie des rapports annuels sur sa performance ESG et son engagement avec les entreprises en matière de durabilité.[16]

·       Vanguard : Vanguard utilise une combinaison de données internes et externes pour évaluer les entreprises en termes de critères ESG.[17]

·       Calvert Research and Management : Calvert Research and Management est un gestionnaire d'actifs spécialisé dans l'investissement responsable et il utilise une méthodologie ESG propriétaire pour évaluer les entreprises, et publie également ces résultats tous les ans.[18]

2.2.5     Les entreprises

Certaines entreprises éditent leurs propres évaluations ESG, elles souvent imbriquées avec les rapports RSE. Ces évaluations ESG peuvent être auto-évaluées (Microsoft[19], Nike[20], Coca-cola[21]) ou réalisées avec l'aide d'un tiers, tel qu'un cabinet de conseil en développement durable ou une agence de notation ESG. Par exemple :

·       Unilever travaille avec B S R & Co. LLP, (Business for Social Responsibility)[22]

·       Nestlé collabore avec Quantis[23],

Cependant, devant pression des parties prenantes, de la concurrence, de la réglementation et des incitations financières les entreprises peuvent être incitées à biaiser leurs évaluations ESG. En particuliers, elles seront poussées à pratiquer le "greenwashing"[24], consistant à l'utilisation de termes vagues ou de jargons techniques, de pratiques sélective de données, l'omission d'informations pertinentes et la mise en avant d'initiatives sans importance. (Yu, 2020)

2.3       ESG, RSE, et régulation

La RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises)[25], les facteurs ESG et les conformités réglementaires[26] sont des concepts étroitement liés qui peuvent être utilisés ensemble pour améliorer la durabilité des entreprises.

La RSE implique que les entreprises doivent prendre en compte les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités, ainsi que de leur gouvernance et de leur éthique. Les entreprises peuvent s'engager dans des pratiques de RSE pour améliorer leur image de marque, renforcer la confiance des consommateurs et accroître leur durabilité. Cependant, la RSE ne se limite pas aux seules pratiques volontaires, elle peut également inclure des obligations légales, mais repose sur une publication d’ engagement.

La conformité réglementaire est un concept qui implique que les entreprises doivent respecter les lois, les règlements et les normes applicables dans leur secteur d'activité. La non-conformité règlementaire peut entraîner des sanctions financières, des amendes et des atteintes à la réputation de l'entreprise. Les réglementations environnementales et sociales sont de plus en plus nombreuses et complexes, entrainant des difficultés pour les entreprises à se conformer à ces règles. Se conformer à des réglementations environnementales et sociales, est, ainsi, devenu un vrai défi,  notamment dû au manque de ressources, de connaissances et d’engagement managérial. Les entreprises peuvent surmonter ces défis en adaptant les organisation, en renforçant leur culture d'entreprise et en impliquant les parties prenantes dans leurs pratiques de RSE. (Pollman, 2021)

Enfin, comme vu plus haut, les facteurs ESG sont eux utilisés pour évaluer la performance d'une entreprise en termes d'impact environnemental, de responsabilité sociale et de gouvernance. Les entreprises peuvent être évaluées par plusieurs type d’acteurs (voir §2.2). L’intérêt, pour les entreprises qui peuvent revendiquer une bonne performance ESG, sera de pouvoir attirer des clients et des investisseurs soucieux de l'impact social et environnemental de leurs investissements.

 

Tableau 1: Synthèse des différences principales entre ESG, RSE et Règlements.

ESG

RSE

Règlements

Quantitatif

Qualitatif

Quantitatif

Organismes privés, Externe à l’entreprise

Interne à l’entreprise

Régulateur officiel

Audits, compilation des déclarations des entreprises

Culture d’entreprise, diffusion en interne

Cadre les ESG et les CSR. Minimum requis.

 

2.4       Construction des scores ESG par les agences

2.4.1     Catégorisation

L’ensembles des agences de notation ESG examinées, expliquent qu’elles identifient les sous-catégories de performance ESG pour chaque pilier (environnemental, social et de gouvernance). Refinitiv, par exemple, divise le pilier environnemental, en sous-catégories peuvent inclure la gestion des émissions de gaz à effet de serre, la gestion de l'eau et l’innovation produit[27] :

Tableau 2: Sous-categories et themes de notation par l'agence Refinitiv.

PILLARS

CATEGORIES

THEMES

Environmental

Emission

Emissions

Waste

Biodiversity

Environmental management systems

Innovation

Product innovation

Green revenues, research and development (R&D) and capital expenditures (CapEx)

Resource use

Water

Energy

Sustainable packaging

Environmental supply chain

Social

Community

Equally important to all industry  groups

Human rights

Human rights

Product responsibility

Responsible marketing

Product quality

Data privacy

Workforce

Diversity and inclusion

Career development and training

Working conditions

Health and safety

Governance

CSR strategy

CSR strategy

ESG reporting and transparency

Management

Structure (independence, diversity, committees)

Compensation

Shareholders

Shareholder rights

Takeover defenses

2.4.2     Collecte de données

Bien que les publications des entreprises soit la principale source de données, dans le modèle des agences de notations ESG, la plupart des agences, comme MSCI recueillent également, des données auprès des différents médias, d’universitaires, d'ONG, agences réglementaires et gouvernementales.[28]

L’une des principales critique adressée aux critères ESG est l’incohérence entre les sources de données, que ce soit entre les données fournies par les entreprises, ou la manière dont elles sont traitées par les agences de notation. Les données ESG sont, en grande partie fournies par les entreprises qui présentent des valeurs qui leur conviennent, chacune sous la forme qui les mettra le plus en avant, ce qui entrainera des divergences fortes entre les données disponibles. Par exemple, plus de 20 différents manières pour les entreprises de rendre compte de la santé et de la sécurité de leurs employés, ont été identifiées, sur un échantillon de 50 sociétés du Fortune 500. Pour fournir ces données, elles ont utilisent des terminologies différentes et, surtout, des métriques différents (Kotsantonis et al., 2019).

2.4.3     Attribution de scores par sous-catégorie

Les agences attribue des scores pour chaque sous-catégorie ESG en utilisant une méthode de pondération basée sur l'importance relative de chacune pour le pilier ESG correspondant. Par exemple, dans le pilier environnemental, la gestion des émissions de gaz à effet de serre peut être pondérée plus fortement que la gestion des déchets. Ces pondérations sont propres à chaque agences de notation.

Figure 2: Exemple de pondération des sous-catégories par Refinitiv[29]

 Chaque agence de notation donnera aussi une  valeur de pondération propre à chaque segment de marché. Par exemple, pour l’agence de notation MSCI, le critère « Human Capital development » compte pour 22,3% de la note ESG, lorsque l’entreprise fait partie du segment de marché « Semiconductors », alors que le même critère ne compte ne compte que pour 3% de la note final lorsqu’on considère le segment de marché « Industrial » :

 

Figure 3: Pondération des notes des catégories pour le segment de marché "Semiconductor", par MSCI

 

Figure 4: Pondération des notes des catégories pour le segment de marché "Industrial" par MSCI[30]

2.4.4     Attribution de scores de pilier et du score global

Les scores de chaque sous-catégorie ESG sont ensuite agrégés pour calculer un score de pilier pour chaque pilier ESG.

Puis, de nouveau, les scores de pilier sont pondérés pour calculer un score ESG global pour chaque entreprise.

Figure 5: Illustration du processus de notation par Refinitiv

Les scores de pilier peuvent avoir des pondérations différentes en fonction du secteur d'activité de l'entreprise et de l’agence qui note. Comme pour la collecte et le traitement des données (voir §2.4.2), on retrouve dans ce système les mêmes hétérogénéités entre agences de notation et secteur d’activité, qui peuvent rendre les critères ESG incohérents (Kotsantonis et al., 2019).

 Enfin, chaque agence présentera le score issu de son analyse sous des formats assez variés. Par exemple Sustainalytics donne un risque en pourcentage (plus la note est faible moins le risque est élevé), Refinitiv donne une performance en pourcentage (plus la note est élevée, plus la performance de l’entreprise est bonne), ou encore MSCI qui donne une échelle d’évaluation allant de CCC à AAA (AAA étant considéré comme le Leader du secteur industriel concerné) et un indicateur de température (en °C) qui évalue l’impact de l’entreprise sur le réchauffement climatique .

2.5       Principales catégories des ESG

Les agences ESG (Environnement, Social et Gouvernance) proposent différentes catégories pour évaluer les pratiques des entreprises en matière d'environnement, de responsabilité sociale et de gouvernance (voir §2.4.1), ce qui peut rendre difficile la comparaison des résultats d'évaluation. En les comparant entre elles, on note toutefois que de grandes tendances se dégagent, on cherche donc ici, en récupérant les différentes catégories proposées quelques agences ESG (MSCI, Sustainalytics & Refinitiv, Voir annexes), à les synthétiser en une série de catégories communes qui pourront être utilisées pour identifier les principaux axes utilisés par les agences pour évaluer les entreprises.

2.5.1     Environnementale

Tableau 3: Principales tendances pour les catégories environnementales.

REFINITIV

MSCI

SUSTAINALYTICS

MAJOR TRENDS

Emissions

Carbon Emissions

Carbon – Own Operations

GHG[31] (Scope 1 & 2)[32]

 

Product Carbon Footprint

PS Carbon – Products and Services

GHG (Scope 3)[33]

 

 

 E&S Impact of Products and Services

 

Waste

Toxic Emissions & Waste

Emissions, Effluents and Waste

Toxic Emissions & Waste

 

Electronic Waste

 

 

Biodiversity*

Biodiversity & Land Use

Land Use and Biodiversity

Biodiversity

Environmental management systems

Financing Environmental Impact

Resilience

 

Product innovation

Opportunities in Clean Tech

 

Eco-Innovation

Green revenues, research and development (R&D) and capital expenditures (CapEx)

Opportunities in Green Building

 

 

 

Opportunities in Renewable Energy

 

 

Water

Water Stress

 

Water

Energy

Raw Material Sourcing

Resource Use

Ressource usage

Sustainable packaging

Packaging Material & Waste

 

Packaging

Environmental supply chain*

 

SC Land Use and Biodiversity – Supply Chain

Env. Impact of supply chain

 

 

SC Resource Use – Supply Chain

 

2.5.2     Sociale

Tableau 4: Principales tendances pour les catégories sociales.

REFINITIV

MSCI

SUSTAINALYTICS

MAJOR TRENDS

Community

Community Relations

Community Relations

Community

Human rights

 

Human Rights

Human Rights

Working conditions

Labor Management

 

Labor

Product quality

Product Safety & Quality

Product Governance

Product safety & Consumer protection

Responsible marketing

Consumer Financial Protection

 

 

Data privacy

Privacy & Data Security

Data Privacy and Security

Privacy & Data Security

Diversity and inclusion

 

 

Diversity and inclusion

Career development and training

Human Capital Development

Human Capital

Human Capital & training

Health and safety

Health & Safety

Occupational Health and Safety

Health & Safety

 

Chemical Safety

 

 

 

Access to Health Care

Access to Basic Services

Access to Basic Services

 

Access to Finance

 

 

 

Opportunities in Nutrition & Health

 

 

 

Supply Chain Labor Standards

SC Human Rights – Supply Chain

Human rights in supply chain

 

Responsible Investment

ESG IntegrationFinancials

Responsible investments

2.5.3     Gouvernance

Tableau 5: Principales tendances pour les catégories de gouvernance.

REFINITIV

MSCI

SUSTAINALYTICS

MAJOR TRENDS

CSR strategy

Accounting

 

Corporate reporting

ESG reporting and transparency

 

 

 

Shareholder rights

Governance

Structure (independence, diversity, committees)

Board

 Corporate Governance

 Board independancy, diversity & gouvernance

 

Ownership & Control

 

 

Compensation

Pay

 

Compensation

 

Business Ethics

Business Ethics

Business Ethics

 

Tax Transparency

Bribery and Corruption

 

 

Controversial Sourcing

 

 

2.6       Exemple

2.6.1     Choix du secteur industriel et des entreprises

 L'industrie des semi-conducteurs est certainement l'une des industries les plus innovantes au monde. Les semi-conducteurs sont au cœur de l'ère numérique, ils sont la base de la plupart des technologies électroniques modernes, des ordinateurs aux smartphones en passant par les voitures autonomes et les équipements médicaux. Cette industrie investie massivement dans la recherche et le développement pour livrer des produits plus performants, plus petits, plus économes en énergie et plus rentables. La taille des investissements, nécessaires pour construire une usine de fabrication de semiconducteurs,  étant devenue considérable (~20 milliards de dollars US) [34], le secteur c’est consolidé sur quelques sociétés, toutes cotées. L'innovation est donc au cœur de l'industrie des semi-conducteurs, elle-même concentrée sur quelques acteurs, sensibles à l’opinion des investisseurs, en faisant un exemple intéressant pour cette étude.

Les 6 sociétés présentées ci-dessous ont été sélectionnées aléatoirement, parmi les plus importantes du marché, en fonction de la facilité d’accès aux données ESG les concernant, sans regards sur leur performance dans ce domaine. Par ordre de taille sur ce marché, ont été retenues :

Tableau 6: Société du semiconducteur listées dans l'exemple de comparatifs ESG

Société

Nationalité

C.A. 2021(Milliards de USD) [35]

Samsung Electronics

Corée du Sud

82 085

Intel Corporation

Etats-Unis

75 550

SK Hynix

Corée du Sud

37 267

Micron Technology

Etats-Unis

30 087

ST Microlelectronics

Franco-Italien

12 574

NXP

Néerlandais

10 715

 

L’analyse réalisé ci-dessous n’a pas pour but d’évaluer la performance de ces entreprises, mais de donner quelques exemples illustratifs des différentes notations proposées par les agences ESG, de leur intérêt, et de leurs possibles incohérences.

2.6.2     Sustainalytics

Sustainalytics fournit des notes ESG sous forme de rapports consultables par leur clients : investisseurs, entreprises, etc.. . De manière libre, Sustainalytics fournit également des notations d’entreprises ESG agrégées, sous le forme de scores de niveaux de risque par pilier, et de classements par secteur industriel[36].

Figure 6: exemple de score ESG par Sustainalytics, pour les entreprises sélectionnées.

 

Dans cette micro-analyse, on voit que le classement est très resserré, puisque, sur les 18 notes compilées, 16 sont comprises entre 4,4/100 et 8,7/100 (écart de 4 ,3). Avec un score de 1/100, Samsung Electronics sort du lot avec une exposition aux risques environnementaux bien inférieure aux autres entreprises de cet échantillon, pour lesquelles la moyenne d’exposition au risque environnemental est à 5,8/100 pour un écart type de 2,7.

Le même constat peut-être fait pour le score de gouvernance de Samsung Electronics, qui, d’après Sustainalytics est la plus exposé à ce risque. Son exposition au risque de gouvernance est ainsi évalué à 11,5/100, pour un groupe dont la moyenne est à 6,9/100 et un écart type de 2,3.

2.6.3     Refinitiv

Refinitiv fournit des notes ESG sous forme de scores agrégés pour les entreprises, appelés "Refinitiv ESG Scores". Ces scores évaluent la performance des entreprises sur une échelle de 0 à 100, pour chacun des piliers : environnementale, sociale et de gouvernance de l'entreprise. Comme Sustainalytics, en plus des scores ESG mis à la disposition du public, Refinitiv fournit des rapports spécifiques incluant des données ESG détaillées pour les entreprises. Ces données peuvent être consultées en ligne via la plateforme ESG de Refinitiv[37].

Figure 7: exemple de score ESG par Refinitiv, pour les entreprises sélectionnées.

 

Cet exemple illustre les potentielles disparités entre agences de notation : Sustainalytics place Samsung Electronics en leader de l’aspect environnemental pour l’échantillon d’entreprises sélectionnées, alors qu’il est le moins bien noté par Refinitiv. On remarque aussi que c’est Micron Technology qui est identifié comme un outsider en terme de performance de gouvernance, avec une note de 70/100, pur une moyenne de groupe 84,3/100 et un écart-type de 8,2, alors qu’il est parmi les mieux noté par Sustainalytics.

2.6.4     MSCI

Comme pour Sustainalytics et Refinitiv, MSCI peut proposer à ses clients des rapports complets. Bien qu’MSCI ne mette pas à disposition du publique des détails de scores par pilier ESG, leur site de recherche propose une synthèse des engagements, de l’historique de notation par MSCI, d’une note d’alignement sur un objectif de réchauffement climatique inférieur à 1,5°C, ainsi que les commentaires associés. La notation (CCC à AAA) place aussi la compagnie examinée parmi les autres entreprises de son secteur d’activité.[38]

Figure 8: exemple de score ESG par MSCI, pour les entreprises sélectionnées.

 

En l’absence d’informations similaires, la comparaison avec les notes fournies par les autres agences de notation devient plus ardue. Si l’on somme les risques de Sustainalytics, la compagnie la plus exposée est NXP, pourtant classée « AA » par MSCI. Le reste semble cohérent. La note d’alignement  sur l’objectif de réchauffement climatique <1,5°C, et très resserrée (écart type à 0.1) laissant supposer que c’est plutôt une tendance de l’industrie, que la performance des entreprises prisent seules qui est à examiner.

2.7       Critiques et limites des ESG

Devant l'importance croissante des critères ESG dans les décisions des investisseurs ou des choix stratégiques des entreprises pour les influer, il est important de souligner aussi les limites actuelles de ces pratiques en termes de mesures, de transparence et de cohérence.

Tout d'abord, en terme de mesure, puisque les critères ESG ne sont pas standardisés et qu'il n'existe pas de définition commune de ce que ces critères englobent. Cela rend difficile la comparaison entre les entreprises ou les secteurs. La collection d’information est souvent basée sur des données auto-déclarées des entreprises, ce qui peut entraîner des biais et des erreurs, même de bonne foi. De plus, les sources de données disponibles sont souvent limitées et les données historiques peuvent être insuffisantes, ce qui rend difficile la mesure des évolutions des performances d’une entreprise, sur le long terme. (Tettamanzi et al., 2022).

Ensuite, les entreprises ont une latitude importante dans la manière dont elles communiquent sur leurs pratiques ESG. Elles peuvent par exemple communiquer sur des pratiques qui sont marginales ou peu significatives, ou ne pas communiquer sur les critères plus importants lorsqu’ils ne lui sont pas favorables, puisqu’elles n’ont pas à justifier la manière dont les données sont collectées et vérifiées. Avec les pratiques de lobbying et de relations publiques, elles peuvent influencer la manière dont les pratiques ESG sont perçues par les investisseurs et le public en général. (Tettamanzi et al., 2022). Ce manque de transparence peut conduire à des pratiques ESG qui sont principalement axées sur la communication et la perception plutôt que sur des pratiques durables réelles. On parle ici des pratiques de "greenwashing", consistant à l'utilisation de termes vagues ou de jargons techniques, de pratiques sélective de données, l'omission d'informations pertinentes et la mise en avant d'initiatives sans importance (Yu, 2020).

Il faut également souligner les problèmes de subjectivité dans les mesures ESG, qui dépendent souvent de l'opinion des analystes et des agences de notation. Cela peut conduire à des différences importantes dans les scores et les notations, voir des incohérences, et rendre difficile la comparaison entre entreprises (voir §2.6).

2.8       Evolution et perspectives

La nécessité de normes et de régulations plus claires, et de sources de données plus transparentes pour établir les notations ESG fiables, est suggérée par de nombreux auteurs (Yu, 2020), (Hughes et Al., 2021), (Tettamanzi et al., 2022),…

Des directives comme le “UN Sustainable Development Goals (SDGs)” adopté en 2015 au sommet de New-York, ou bien le “Guidelines on Non-Financial Reporting (methodology for reporting non-financial information) ” C/2017/4234, de l’Union Européenne, ont eu un effet bénéfique croissant sur la divulgation des informations ESG par les entreprises, même si cet impact diverge selon les pays et dépend de la rigueur de la réglementation locale. (Plastun et al., 2020)

L’évolution des notations ESG repose aussi sur les innovations technologiques qui permettent l'émergence de nouvelles approches de collection de données plus complètes et plus précises. Ces nouvelles approches intègrent des sources de données plus vastes, telles que les données de réseaux sociaux et les données satellites, pour évaluer les pratiques environnementales, sociales et de gouvernance des entreprises. Le défi ici résidant dans la nécessité de traiter de grandes quantités de données et de développer des algorithmes d'analyse sophistiqués. (Hughes et Al., 2021).

Enfin, il est possible que les simples notations ESG  puissent finir par être remplacées par une approche plus holistique visant à intégrer des critères non financiers, tels que les valeurs éthiques ou environnementales, mais aussi des critères financiers, tels que la rentabilité ou la croissance. L’investissement s’orienterait ainsi vers des entreprises qui ont un impact positif sur la société dans son ensemble, et proposeraient des solutions techniques pour résoudre les problèmes sociaux et environnementaux. (Edmans, 2023). Les premiers cas pratiques impliquant ces notions émergent, comme, par exemple, le cas d’une société industrielle Japonaise, citée dans le « Guide de l’investissement durable : Contexte, approches et exemples pratiques a l’intention des investisseurs institutionnels en Suisse » du Swiss Sustainable Finance[39], qui propose de combiner des critères financiers et des critères ESG pour aboutir à une valeur de marché ou « Fair-Value » réajustée.


 

3       FACTEURS D’INFLUENCE SUR L’INNOVATION

L'innovation est un élément clé pour la croissance et le succès d'une entreprise. Elle y nait sous l'influence de différents facteurs, internes ou externes à l'entreprise, qui auront un impact sur la manière dont elle développe et met en œuvre ses stratégies d'innovation. Ce chapitre ne tente pas d’en faire une liste exhaustive, mais d’identifier quelques exemples de facteurs d’influence importants, par lesquelles les critères ESG pourrait affecter les stratégies d’innovation (§4).

3.1       Culture d’entreprise

3.1.1     Culture organisationnelle

Il existe  trois types de culture organisationnelle liée à l’innovation : la culture hiérarchique, la culture clanique[40] et culture entrepreneuriale. La culture entrepreneuriale a le plus grand impact sur la production d'innovation, suivi de la culture clanique, tandis que la culture hiérarchique a un impact négatif sur la production d'innovation, ainsi, selon Laurence Franck « la créativité se déploie de manière inversement proportionnelle au contrôle de l’entreprise sur son employé ». La culture organisationnelle est un facteur important dans la production d'innovation, les entreprises doivent encourager une culture entrepreneuriale pour stimuler l'innovation, par la formation et par le développement des compétences entrepreneuriales. (Ahmetoglu et al., 2018)

3.1.2     Capital social

Le concept de capital social, se réfère aux réseaux de relations entre les individus et les organisations qui peuvent favoriser la collaboration et la coopération. Il existe différents types de capital social : le capital structurel (relations formelles entre les organisations), le capital relationnel (relations informelles entre les individus) et le capital cognitif (partage de connaissances et d'expertise).

Le capital social a un effet significatif sur l'innovation, cet effet est pondéré par d'autres facteurs tels que la taille de l'entreprise et le secteur d'activité. Les différents types de capital social ont des effets différents sur l'innovation. Par exemple, le capital structurel est plus important pour les entreprises de grande taille, tandis que le capital relationnel est plus important pour les entreprises plus petites.

Bien sûr, le capital social ne garantit pas à lui seul la production d'innovation, mais il permet d’établir un environnement favorable à l'innovation en encourageant la coopération et le partage de connaissances. Les entreprises doivent chercher à développer leur capital social pour stimuler l'innovation, dans la mesure de leur taille et de leur secteur d’activité. (Landry et al., 2000)

3.1.3     Culture de l’innovation

Les entreprises doivent encourager l'innovation à tous les niveaux de l'organisation, en mettant en place des processus et des structures appropriés, en fournissant des ressources suffisantes et en favorisant la collaboration et le partage des connaissances. La communication et la transparence sont aussi des éléments clés pour stimuler l'innovation. Les employés doivent être encouragés à exprimer leurs idées, même si elles semblent peu conventionnelles ou risquées, les dirigeants doivent montrer l'exemple en encourageant l'innovation et en étant prêts à prendre des risques. Il existe ainsi quatre caractéristiques clés des cultures d'innovation réussies: la prise de risque, la collaboration, la tolérance envers l'échec et la flexibilité (Dombrowski et al., 2007). Bien évidemment la culture d'innovation ne peut pas être imposée du jour au lendemain et nécessite un effort continu et une approche globale qui implique tous les niveaux de l'organisation, en mettant en place des processus et des structures appropriés. (Ishak, 2017)

3.2       Bien-être au travail & salaire

Les entreprises peuvent influence leur capacité d’innovation en améliorant le bien-être de leurs employés, car il impactera leur engagement, leur motivation et leur créativité. Le bien-être des employés dépend de nombreux facteurs, telles que la satisfaction au travail, la santé physique et mentale, l'équilibre travail-vie personnelle, la sécurité de l'emploi, la reconnaissance, les opportunités de développement de carrière et les avantages non financiers tels que la flexibilité du travail. (Huhtala et al., 2007)

Il est intéressant de noter que les incitations financières ne sont pas la seule façon de motiver les employés, et peuvent même parfois être inefficaces. Elles peuvent être appropriées pour stimuler les innovations incrémentales, tandis que des incitations non financières seront plus efficaces pour les innovations radicales qui nécessitent un haut degré de créativité et de risque (Manso, 2011). Enfin, l'écart de salaire entre employée aura aussi une influence significative sur l'efficacité de l'innovation, les entreprises avec un écart de salaire plus faible ayant une meilleure efficacité dans l'innovation (Pan, 2020).

De la même manière, même si l’on constate que la rémunération des PDG est positivement liée aux dépenses de R&D et aux revenus générés par les nouveaux produits, cette relation n'est pas significative en ce qui concerne les brevets déposés. (Balkin et al., 2000)

3.3       Diversité

3.3.1     Modes de pensée

La diversité de pensée, ou diversité cognitive est un facteur clé pour favoriser l'innovation dans les organisations. On parle ici d’individus qui aborderons la résolution de problèmes de manière différentes, en termes de variété, de dispersion et de séparabilité des idées.  Par exemple certains utiliserons un schéma de pensée séquentielle[41], là ou d’autres seront des penseurs connectifs[42]. Les organisations doivent chercher à encourager cette diversité de pensée en constituant des équipes  de personnes ayant des expériences et des compétences différentes, en encourageant la participation de tous les membres de l'équipe et en favorisant l'ouverture d'esprit et la remise en question des idées préconçues. Toutefois, les managers devront veiller à ce que les différences entre les membres d’une équipe ne conduisent pas à des conflits ou à des problèmes de communication, mais plutôt à une synergie positive qui favorise l'innovation. (Post et al., 2009)

3.3.2     Diversité culturelle

La diversité culturelle peut favoriser la créativité et l'innovation, mais uniquement si elle est gérée efficacement. La diversité culturelle peut avoir des origines géographiques, ethniques, linguistiques ou religieuses différentes, ou venir des croyances, des valeurs et des modes de pensée différents, elle est un atout en ce qu’elle permet la création de perspectives différentes et l'élargissement des connaissances et des compétences de l'équipe. Les défis liés à la gestion de la diversité culturelle, notamment les problèmes de communication, les stéréotypes et les préjugés peuvent toutefois être surmontés, notamment en encourageant la communication ouverte, en créant un environnement inclusif ou en proposant de la formation pour améliorer la sensibilisation et la compréhension de la diversité culturelle. (Jones et al., 2020)

3.4       Formation

3.4.1     Compétences techniques

Il existe une relation claire entre la formation des employés et les activités d'innovation dans les entreprises. Celles qui qui investissent dans la formation de leurs personnels techniques sont plus susceptibles de produire des  d'innovations technologiques. En particulier, la formation en gestion, la formation en développement de produits et la formation en compétences technologiques ont une influence positive sur les activités d'innovation (Boring, 2017). Pour optimiser leur efficacité, ces formations doivent s’adosser des activités et des projets de R&D, et être encouragées par les politiques publiques incitant les entreprises  à investir dans la formation des travailleurs. (Gonzalez et al., 2016)

3.4.2     Apprendre à Innover

L'innovation technologique suppose que les ingénieurs possèdent des compétences en résolution de problèmes et en créativité. Il existe différentes formes de formation pratique, telles que les stages, les projets de recherche et les projets de conception, chaque type de formation pratique peut renforcer les compétences en innovation des ingénieurs, tant qu’elle propose une organisation et un mode de fonctionnement adapté (Naumkin et al., 2015). La qualité de la formation est ici un élément clé, en étant interactive, personnalisée, et proposant des mises en pratiques, elle pourra avoir un impact positif et long-terme sur la créativité, l'innovation, l'ouverture d'esprit et la satisfaction au travail des employés, ainsi que sur leur engagement et leur motivation envers l'innovation. (Rampa et al., 2021)

3.5       Management

3.5.1     Leadership

Les dirigeants doivent avoir une vision claire des objectifs de l’entreprise, et une stratégie d'innovation bien définie pour guider leur organisation vers des résultats innovants. Ils doivent également être capables de communiquer efficacement cette vision et d'encourager l'engagement et la participation des employés. (Denti, 2011)

Les managers doivent créer un environnement qui encourage la prise de risques, la collaboration et la créativité. Ils doivent également favoriser un climat de confiance où les employés se sentent à l'aise pour partager des idées et expérimenter. (Oke et al., 2007). Les managers, pour stimuler l’innovation, doivent donc être capables d'identifier les opportunités d'innovation, de les évaluer et de les mettre en œuvre de manière efficace. Ils doivent également être prêts à réévaluer et à ajuster leur stratégie d'innovation en fonction des changements dans l'environnement concurrentiel et des demandes du marché (Cortes et al., 2021).

3.5.2     Diversité du conseil d’administration

Il existe un lien  entre la diversité du conseil d'administration et l'innovation dans les entreprises. Il apparait que la diversité de genre du conseil d'administration favorise l'innovation, lorsqu’on la mesure par le nombre de brevets et les dépenses en R&D. Elle peut améliorer l'innovation en apportant des perspectives et des expériences différentes, en encourageant une plus grande prise de risques et en améliorant la communication et la collaboration au sein des entreprises (Griffin et al., 2021). De plus, si l’on considère la quantité de brevets environnementaux déposés, en l’assimilant à l’innovation environnementale, il apparait alors que diversité de genre du conseil d'administration est associée positivement à l'innovation environnementale. Cette correlation est d’autant plus vraie pour les entreprises moins profitables (Nadeem et al., 2020).

Enfin, en considérant une diversité du conseil d'administration plus large en terme de critères (âge, de sexe, de formation et d'expérience professionnelle), on observe, là aussi un impact positif sur l'innovation : la diversité en termes de sexe, d'âge et de nationalité est associée à une innovation produit plus élevée, tandis que la diversité éducative et professionnelle favorise l’innovation des processus. (Galia et al., 2012)

3.6       Ressources

De manière intuitive, on considère aisément que l’allocation des ressources est un facteur important pour l'innovation technologique. Les entreprises qui investissent davantage dans la R&D ont tendance à avoir des taux d'innovation technologique plus élevés, et une meilleur performance sur leur marchés. Toutefois, la masse de ressources allouées n’impactera efficacement l’innovation qu’à condition que les autres facteurs d’influences, comme la pertinence de l’allocation des ressources, ou la qualité des produits soient correctement pilotés. Les brevets générés seront également un facteur important de la performance de l'entreprise, car ils pourront être utilisés pour protéger les innovations technologiques de l'entreprise ou pour générer des revenus. (Artz et al. 2010)

3.7       Règlementation et politiques publiques

Les politiques publiques peuvent avoir des effets bénéfiques ou négatifs sur l'innovation en fonction de leurs contenus et de leur application. D'une part, la réglementation peut stimuler l'innovation en établissant des normes techniques, en protégeant les droits de propriété intellectuelle et en encourageant l'adoption de technologies plus propres et plus durables. D'autre part, elle peut entraver l'innovation en créant des obstacles administratifs et financiers, en restreignant la concurrence et en réduisant les incitations financières pour l'innovation (Blind, 2016). Plus spécifiquement, les politiques environnementales peuvent aussi encourager les entreprises à développer de nouvelles technologies et à adopter des pratiques plus durables, bien conçues elles peuvent encourager l'innovation tout en améliorant les résultats économiques et environnementaux des entreprises. (Popp, 2019). De plus, les incitations financières sous forme de subventions gouvernementales, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à promouvoir la durabilité environnementale, peuvent avoir un impact important sur la promotion de l'innovation en matière de technologie verte. (Zang et al., 2021)

Enfin, si les politiques gouvernementales peuvent avoir un impact important sur l'innovation, en fournissant des incitations financières et règlementaires, l'incertitude sur l’évolution de ces politiques peut également affecter l'innovation. Elle peut rendre les entreprises plus prudentes dans leurs investissements et en retardant la mise en œuvre de nouvelles initiatives, en particulier les petites et moyennes entreprises. Les gouvernements doivent donc fournir des politiques stables et prévisibles pour encourager l'innovation. (Bhattacharya et al., 2017)

3.8       Partenariats et Open innovation

L'open-innovation peut-être définie comme un modèle de partenariat, orienté vers l'innovation, où les entreprises cherchent à tirer parti de sources externes, dans le but d’obtenir des d'idées nouvelles, des technologies ou des ouvertures de marchés pour compléter leurs propres capacités internes. Ce modèle implique une ouverture des frontières de l'entreprise, afin de permettre une collaboration avec d'autres acteurs, tels que des universités, des laboratoires, des start-ups des fournisseurs ou des clients, dans le but de générer de la valeur ajoutée pour l'entreprise et pour l'ensemble de l'écosystème de l'innovation (Chesbrough, 2006). Les partenariats ainsi créés, et spécifiquement ceux de R&D auront un effet positif sur la performance d'innovation des entreprises, en particulier lorsqu'ils impliquent des partenaires d'autres industries (Bernal et al. 2022). C’est particulièrement vrai lorsque la collaboration est établie entre industries traditionnelles et industries créatives[43], qui peuvent fournir des compétences et des idées innovantes pour aider les industries traditionnelles à résoudre des problèmes et à développer de nouveaux produits et services (Klein et al., 2020). La collaboration peut aussi s’établir entre client et fournisseur, ces projets de co-creations avec ses clients donnant accès aux entreprises à des sources importantes d'informations sur les besoins et les préférences du marché, ainsi que sur les opportunités d'innovation (Desouza et al., 2008). Lorsque les risques et enjeux sont trop importants pour être supportés par un seul acteur, la collaboration peut alors s’établir entre concurrents. (Radnejad et al., 2015). Le succès de ces collaborations dépendra alors principalement de quelques  éléments clés tels que la sélection des partenaires de collaboration, la définition des rôles et des responsabilités, la gestion des risques (Rosell, 2014) , et, bien sûr, un partage clair et préétabli de la propriété industrielle (Penin et al., 2018)

3.9       Besoin client

La résolution de problème client est une source d’inspiration majeure pour   l'innovation dans une entreprise. En travaillant à résoudre les problèmes des clients, les entreprises peuvent identifier de nouvelles opportunités d'innovation, améliorer leur compréhension des besoins et des attentes des clients, et trouver des solutions créatives pour répondre à ces besoins. En outre, la résolution de problèmes client peut aider les entreprises à développer des relations solides avec eux, renforçant ainsi leur fidélité et leur confiance. Cela peut conduire à un avantage concurrentiel et à une croissance de l'entreprise à long terme. La composition du portefeuille de clients d'une entreprise, en termes de diversité et de concentration, peut aussi avoir un impact significatif sur les performances d’innovation : les entreprises ayant un portefeuille de clients plus diversifié ont tendance à développer des produits plus innovants, tandis que les entreprises ayant un portefeuille de clients plus concentré ont tendance à développer des produits plus proches de leurs besoins immédiat. (Yli-Renko et al., 2008)

3.10   Environnement économique

3.10.1  Situations de crise

Bien que les crises financières puissent entraîner une diminution de l'innovation en raison d'un manque de financement et de ressources, elles peuvent également stimuler l'innovation en obligeant les entreprises à trouver des moyens plus créatifs pour réussir dans un marché difficile. De grandes innovations ont émergé pendant les crises financières, notamment la réduction des coûts grâce à l'automatisation, l'expansion des modèles commerciaux en ligne ou encore les modèles d’affaires où l'accent mis sur les produits abordables pour les consommateurs (Hardy et al., 2021). Ainsi, les entreprises les plus innovantes ont continué à investir massivement dans la R&D pendant la crise financière de 2008, comme Apple, qui  à lancer des produits innovants comme le MacBook Air ou l’app Store (pendant son premier mois d’existence 60 millions d'applications y seront téléchargées).[44]

3.10.2  Concurrence

Selon Schumpeter, un environnement concurrentiel n’est pas une nécessité pour promouvoir l’innovation, car les monopoles peuvent favoriser l'innovation en offrant aux entreprises la sécurité nécessaire pour investir dans des projets risqués. Toutefois, la pression concurrentielle oblige les entreprises à être plus efficaces et à réduire leurs coûts, et ce, afin de libérer des ressources pour investir dans l'innovation. La concurrence peut encourager les entreprises à expérimenter de nouvelles idées et technologies pour se différencier de leurs concurrents. Elle peut également favoriser l'adoption de nouvelles technologies et innovations sur le marché en encourageant les entreprises à adopter des pratiques innovantes pour rester compétitives. La réalité dépendra probablement de plusieurs facteurs. Par exemple, la situation de marché : les coûts élevés associés à la recherche et au développement peuvent dissuader les petites entreprises de se lancer dans des activités innovantes, tandis que les grandes entreprises disposant de ressources importantes peuvent exploiter cet avantage pour éliminer la concurrence potentielle. Dans les marché sous trop forte pression concurrentielle, l'innovation pourra être bridée, car les entreprises sont moins enclines à investir dans la recherche et le développement si elles doivent lutter pour maintenir leur position sur le marché. La relation entre la concurrence et l'innovation est donc  complexe et dépend de nombreux facteurs, tels que la réglementation, la structure du marché, et le type d'innovation considérée. (Gilbert, 2006)

3.11   Stratégie de propriété intellectuelle

Une stratégie de propriété intellectuelle efficace est un élément important pour les entreprises qui cherchent à innover. Les stratégies de propriété intellectuelle proactives peuvent être intégrée dans une stratégie d'innovation pour améliorer la capacité d'une entreprise à tirer parti de ses innovations.

D’abord en identifiant très tôt les innovations clés à protéger et en proposant les types de protection les plus appropriés (brevets, marques, secret, horodatage, etc..), elle permettra d’orienter et d’optimiser les investissements en R&D. Il est recommandé ici, que  les équipes de R&D soient formées aux aspects de la propriété intellectuelle afin d’être en capacité d’identifier elle-même les innovations à protéger.

Ensuite, en fournissant  une veille technologique pour surveiller les avancées technologiques et la propriété intellectuelle associée dans le domaine d'activité des développements à lancer. Cette veille permettra d'identifier les tendances émergentes des marchés, de recenser les problèmes à anticiper (décrit en particulier dans les brevets), les opportunités de collaboration, et les menaces potentielles de contrefaçon. Enfin, en étant intégrée dans la stratégie globale de l'entreprise, la stratégie de propriété intellectuelle influencera les orientations de l’innovation (Germeraad, 2010). On distingue 4 grands types de stratégies qui peuvent être combinées, et induirons des stratégies d’innovations différentes. (Corbel, 2004)

Figure 9: Les stratégies de PI, adaptation libre de (Corbel,2004)

Par exemple, les stratégies coopératives ou de mouvement supposerons des investissements dans la recherche et la protection d’innovations même lorsqu’elle n’ont pas vocation à être exploitées dans les produits de l’entreprise, ni licenciée à des tiers. A l’opposée, des stratégies défensives ou de licences induisent un processus débouchant sur des innovations directement utilisées par l’entreprise, ou monnayable via des licences.

3.11.1  Stratégie défensive

La stratégie défensive vise à obtenir et maintenir un exclusivité sur une technologie spécifique. Elle consiste à éliminer la concurrence en obtenant un monopole sur le marché ou en intégrant une technologie unique et différenciatrice dans ses produits. Cependant, cette stratégie défensive est susceptible d'être contournée par les concurrents qui développent des technologies offrant les mêmes fonctionnalités que celles brevetées. On peut citer par exemple, le cas d’Apple contre Samsung :

Apple avait breveté la fonction de "glisser pour déverrouiller" (Slide-to-unlock) sur l'iPhone[45]. Samsung a contourné ce brevet en introduisant une fonction de déverrouillage différente, où l'utilisateur doit effectuer un mouvement circulaire sur l'écran plutôt que de glisser horizontalement. Bien que les deux fonctions servent le même objectif (déverrouiller le téléphone), la méthode utilisée par Samsung était suffisamment différente pour ne pas enfreindre le brevet d'Apple. De plus, la stratégie défensive est également vulnérable à la contrefaçon de brevets.

3.11.2  Stratégie de licences

La stratégie de licence, visant à maximiser les redevances, consiste à accorder des licences à un tarif qui optimise les revenus (en fixant les prix aussi haut que possible en tenant compte de la courbe de la demande). Toutefois, cette stratégie comporte également des risques de contournement. Des redevances élevées peuvent inciter les concurrents à mener leurs propres recherches. Lorsque des technologies alternatives plus accessibles existent, elles peuvent potentiellement devenir un standard de facto. Une illustration de ce phénomène est le cas de la société Jawbone avec ses bracelets de fitness UP. Jawbone avait développé une technologie brevetée et signé des partenariats exclusifs avec des détaillants pour distribuer ses bracelets de fitness, mais proposait des licences à prix élevé. Malgré cette position avantageuse, le marché des bracelets de fitness a rapidement attiré de nombreux concurrents, dont Fitbit, Garmin, et Apple. Fitbit, en particulier, est devenu un acteur majeur du marché en proposant des produits aux fonctionnalités similaires, mais avec des designs, des capteurs et des logiciels légèrement différents, évitant ainsi de violer les brevets de Jawbone. Fitbit a bénéficié du soutien de la majorité des fabricants d'électronique grand public et des détaillants. En fin de compte, le standard concurrent promu par Fitbit et d'autres fabricants s'est imposé sur le marché des bracelets de fitness, et Jawbone a rencontré des difficultés financières, conduisant à la liquidation de l'entreprise en 2017.

3.11.3  Stratégie coopérative

La stratégie coopérative, ou d'échange de technologies consiste à utiliser un brevet comme moyen d'accès à d’autres technologies. Avoir un portefeuille de brevets solide peut être essentiel pour accéder aux technologies d'autres acteurs du marché et agir comme un "billet d'entrée"[46] sur le marché .

Dans ce contexte, le développement de nouvelles technologies sert principalement de monnaie d'échange pour acquérir d'autres technologies. Cependant, comme elles sont rapidement mises à la disposition des concurrents, elles ne peuvent plus constituer un avantage concurrentiel en elles-mêmes. La compétition repose alors davantage sur des facteurs tels que la capacité à commercialiser rapidement des produits exploitant ces nouvelles technologies.

Un exemple de stratégie de PI coopérative est celui de Samsung et Qualcomm, formalisé en 2011 et renouvelé en 2018 : le 30 janvier 2018 les deux entreprises ont signé un nouvel accord de licence de brevets pluriannuel et un accord de fourniture de produits stratégiques pour la transition vers les technologies 5G. Cela renforce la relation entre Qualcomm et Samsung et les positionne en leader de l'industrie dans le développement et la commercialisation de technologies et produits de pointe basés sur la 5G et d'autres générations futures de connectivité mobile. L'accord a également contribué à élargir la relation entre les deux sociétés dans divers domaines technologiques et de produits[47].

3.11.4  Stratégie de mouvement

La stratégie de mouvement, ou de  "course de vitesse" repose sur une remise en question constante des avantages existants. Ceux qui dépendent uniquement de cette stratégie et qui ne parviennent pas à maintenir une avance suffisante sur leurs concurrents ne disposent pas de "filet de sécurité". La stratégie de mouvement vise à établir un avantage concurrentiel en étant rapide dans le développement de nouvelles technologies et/ou de produits qui les utilisent. Elle peut mener à des politiques de diffusion libre, généralement dans le but d'imposer des normes technologiques qui maximiseront les gains tirés de cet avantage en termes de rapidité. Dans ce contexte, le brevet joue un rôle moins central que dans d'autres stratégies, mais il peut être utilisé pour entraver les progrès des concurrents.

4       CHAMPS D’INFLUENCES POSSIBLES

4.1       Limites de l’étude

Il convient de noter que cette étude présente certaines limites. Tout d’abord, les liens entre les notations ESG et les facteurs influençant l’innovation ne sont, dans la plupart des cas que des interaction potentielles. De plus, les tendances majeures de catégories ESG ont été compilées sur la base des données fournies par trois agences de critères de notation et ne peuvent donc pas être généralisées à l'ensemble du secteur. Enfin, la liste des influences sur l'innovation n'est ni exhaustive ni hiérarchisée, et d'autres facteurs peuvent également influencer les pratiques des entreprises.


 

4.2       Synthèse des Interactions potentielles identifiées

Text Box: (§3)Text Box: (§2.5)Text Box: §4.6Text Box: §4.4Text Box: §4.3Text Box: §4.5Text Box: §4.7Text Box: §4.8Text Box: §4.9Text Box: §4.10

Figure 10: Matrice de liaison entre catégories ESG et facteurs d'innovation.

4.3       Pratiques durables vs Culture d’entreprise

La durabilité ne peut pas être considérée comme un concept isolé, mais intégré dans la culture d'entreprise, en tant que partie intégrante de l'identité de la marque. L’adoption de pratiques de durabilité, tel que la réduction des émissions de GES, ou autres polluants, de la consommation d’eau ou d’électricité, peut affecter les processus organisationnels tels que la gestion des ressources humaines, la gestion de la chaîne d'approvisionnement ou encore la gestion des risques. L’intégration de ces pratiques peut avoir un impact positif sur la culture d'entreprise, en améliorant la motivation et la satisfaction des employés, en réduisant l'absentéisme et le taux de rotation des employés et leur permettra d’acquérir une plus grande capacité à attirer et à retenir les talents (Eccles et al., 2014). Un exemple connu est celui d’Unilever qui a intégré la durabilité dans sa culture d'entreprise en lançant un programme de durabilité appelé "Sustainable Living Plan"[48]. Ce plan a été lancé en 2010 avec des objectifs ambitieux pour 2020, tels que la réduction de l'empreinte environnementale de l'entreprise et l'amélioration de la vie des personnes dans les communautés où elle opère. Cette intégration a permis de créer un engagement profond chez les employés en faveur de la durabilité, de renforcer la réputation de l'entreprise et de développer de nouveaux produits durables qui ont contribué à la croissance des revenus. (Gupta et al., 2013) Intégrer la durabilité dans la culture d'entreprise peut donc permettre aux entreprises de se distinguer de leurs concurrents, de renforcer leur réputation et de stimuler l'innovation.

4.4       Conditions de travails vs relations sociales

Les conditions de travail peuvent influencer les relations sociales à l'intérieur de l'entreprise. Les employés qui opèrent dans un environnement de travail sain et sûr, qui offre des opportunités de développement professionnel et qui encourage la collaboration et la communication auront des relations sociales positives et satisfaisantes au sein de l'entreprise.[49] Par exemple, les entreprises qui adoptent un système de travail haute performance (HPWS)[50] auront tendance à avoir une structure sociale plus participative, coopérative et égalitaire, ce qui conduit à une amélioration de la performance organisationnelle. (Evans et al., 2005)

En revanche, les employés qui travaillent dans des conditions de travail difficiles, comme un environnement de travail malsain, une charge de travail excessive ou une mauvaise communication interne auront tendance à développer des relations sociales tendues avec leurs collègues. (Raziq et al., 2015).

4.5       Eco-innovation vs culture de l’innovation

Les facteurs externes comme les réglementations environnementales et les pressions des clients, restent les principaux moteurs de l'éco-innovation. Ainsi, les entreprises sont plus souvent incités à éco-innover pour se conformer aux normes environnementales ou pour répondre à leurs clients qui exigent des produits et des services respectueux de l'environnement.

Toutefois, les entreprises qui investissent plus que le stricte nécessaire dans le développement de solutions durables, et qui ont une culture d'entreprise orientée vers la responsabilité sociale -c’est-à-dire orienté sur l'éthique, la durabilité et la responsabilité envers la société et l'environnement- ont tendance à avoir plus de succès en matière d'éco-innovation. (Bitencourt et al., 2020)

Dans une forme de cercle vertueux, qui pourrait être amorcé par la recherche de performance ESG par les entreprises, le succès dans l'éco-innovation encourage les entreprises à poursuivre des initiatives innovantes dans le domaine de l'écologie. Ainsi, la performance environnementale passée est un facteur important qui renforce sensiblement la culture de l'innovation environnementale par les entreprises. (Liao et al., 2021)

4.6       Diversité

L’intégration de critères ESG incite les entreprises à adopter une vision à long terme, qui inclut des préoccupations comme l'inclusion et la diversité (voir §2.5.2). Cela les conduit à élargir leur champ de vision en matière de recrutement, en recherchant des employés ayant des expériences et des compétences variées, mais aussi issus de différents horizons culturels. Cette diversité culturelle apporte des perspectives nouvelles et des idées innovantes, ce qui améliore la performance d'innovation de l'entreprise. Les entreprises qui favorisent la diversité culturelle ont un avantage concurrentiel, car elles sont plus à même de comprendre les besoins des clients diversifiés et de développer des produits innovants. (voir §3.3.2)

4.7       Formation

Les entreprises ont un double intérêt à investir dans la formation de leurs employés. Tout d'abord, cela leur permet d'améliorer leur performance en matière de critères ESG, en particulier pour les critères sociaux portant sur le capital humain et la formation (voir §2.5.2). Cela permet aux entreprises de satisfaire les exigences de leurs investisseurs, de plus en plus soucieux de voir les entreprises adopter des comportements socialement responsables. D'autre part, la formation des employés permet d'améliorer leur capacité d'innovation. En effet, des employés bien formés ont une meilleure compréhension des nouvelles technologies et des pratiques les plus récentes de l'industrie, ce qui peut les aider à trouver des solutions innovantes aux problèmes de leurs clients (voir §3.4)

Cette capacité d'innovation améliorée est, ainsi, bénéfique non seulement pour l'entreprise elle-même, mais aussi pour ses parties prenantes primaires, en particulier les investisseurs, les employés, et les clients, qui peuvent bénéficier de produits et de services plus innovants et de meilleure qualité.

4.8       Diversité du conseil d’administration

Beaucoup d'entreprises ont déjà compris l'importance de la diversité culturelle et de genre au sein de leurs équipes de direction, pour atteindre une performance d'innovation optimale. Cependant, l'introduction de la dimension ESG, en particulier les critères de diversité des conseils d'administration, incite encore plus les organisations à intégrer ce paramètre dans le processus de recrutement des membres du conseil d'administration. Les entreprises ayant un conseil d'administration diversifié ont tendance à générer des idées plus créatives et novatrices, ce qui conduit à une meilleure qualité de l'innovation. En effet, la diversité apporte de nouvelles perspectives et expériences, elle favorise une prise de décision plus éclairée et une plus grande variété de solutions potentielles (voir §3.5.2). Ainsi, la recherche de la conformité aux critères ESG peut inciter les entreprises à prendre des décisions stratégiques en faveur de la diversité dans leur organisation décisionnelle, ce qui pourra bénéficier à la qualité de leurs innovations.

4.9       Emission (Scope 3), Sécurité des produits vs Besoin client

Sans attendre les ESG, les entreprises ont toujours cherché à innover pour répondre aux problèmes et aux attentes de leurs clients, la résolution des problèmes clients est, d’ailleurs, l'un des principaux vecteurs de l'innovation incrémentale. (Geng et al. 2021). Cependant, les critères ESG ont apporté une couche d'incitation à innover supplémentaire  pour les entreprises, en faveur de la sécurité et de la qualité des produits. Les entreprises sont maintenant évaluées sur leur exposition potentielle à des rappels ou des problèmes de sécurité des produits, la solidité de leur chaîne d'approvisionnement et de leurs systèmes d'approvisionnement, ainsi que leurs efforts de gestion de la qualité dans la fabrication. Au-delà du stricte respect de la réglementation, les critères ESG sont donc une incitation supplémentaire pour les entreprises à améliorer la sécurité et la qualité de leurs produits.

Dans le cas du B2B[51], les critères ESG ont une double influence. Tout d'abord, ils ont une influence directe sur l'entreprise elle-même, pour produire des produits sûrs, comme expliqué précédemment. Ensuite, ils ont une influence indirecte via les clients, qui sont également soumis aux critères ESG. Les clients demandent des produits à faible émission de gaz à effet de serre (scope 2, voir §2.5.1) et doivent, de plus, choisir des fournisseurs qui produisent avec un impact environnemental faible pour répondre aux critères portant sur l’aspect environnemental de leurs sources d’approvisionnement.

En somme, les critères ESG ont ajouté une couche d'incitation supplémentaire pour les entreprises à innover dans le sens de la sécurité et de la qualité des produits, tout en répondant aux demandes de leurs clients, induite par leur propre gestion des ESG, pour des produits respectueux de l'environnement.

 

4.10   Eco-innovation vs Stratégies de propriété intellectuelle

4.10.1  Intérêt directes

En récompensant l'éco-innovation, les critères ESG incitent les entreprises à breveter des technologies qui peuvent être identifiées comme bénéfiques pour l'environnement. Les brevets classés Y02[52] du code CPC[53], qui se concentrent sur les technologies ou les applications d'atténuation ou d'adaptation au changement climatique, sont particulièrement pertinents dans ce contexte, car ils libellent clairement l’innovation comme « verte » . Les entreprises qui ont traditionnellement des stratégies défensives pourraient être incitées à modifier cette stratégie et à déposer plus de ces brevets "verts", même lorsqu'elles n'utilisent pas directement les technologies revendiquées. Cette incitation à l'innovation écologique est importante car elle permet aux entreprises de se démarquer de la concurrence en offrant des produits et des services plus respectueux de l'environnement, tout en répondant aux attentes croissantes des parties prenantes en matière de développement durable. De plus, le dépôt de brevets "verts" peut également renforcer la réputation de l'entreprise en tant qu'acteur responsable et engagé dans la lutte contre le changement climatique.

4.10.2  Incertitudes et controverses

On note ici que les incitations à améliorer les performances ESG pourraient avoir un effet contreproductif sur le développement de technologies plus favorables à la préservation de l’environnement, par les entreprises. Les investisseurs ISR sont les premières parties prenantes de l’ESG, ils cherchent, à favoriser l’essor de technologies vertes, en finançant ces entreprises (Raghunandan et al., 2022). Mais ces incitations ESG pourraient, à l’inverse de leurs objectifs, brider ces technologies. En effet, les incitations à investir plus dans la recherche sur les technologies vertes, sont nombreuses et toujours croissantes (Zang et al., 2020), et les avantages concurrentielles qu’elles procurent sont de plus en plus tangibles pour les entreprises qui s’en dotent (UNEP, 2013), les critères ESG viennent donc ici comme une strate supplémentaires d’avantages, en donnant accès, à ces entreprises à l’investissement responsable.

Or, pour capter ces financement, les entreprises chercheront à prouver leur engagement dans l’éco-innovation, en utilisant notamment le système des brevets qui sont alors utilisés comme des indicateurs de leurs investissements. En faisant respecter les droits de propriétés intellectuelles ainsi acquis, elles auront tendance à entraver le développement et la diffusion de technologies propres en créant des barrières à l'entrée pour les nouveaux entrants. Du point de vue international, les pays regroupant de nombreuses entreprises qui possèdent les DPI[54] pourraient ainsi bénéficier d'un pouvoir de marché accru et retarder l'adoption de technologies propres dans d'autres pays. Cela peut avoir des effets négatifs sur l'efficacité des accords climatiques internationaux, qui reposent sur la coopération et la réduction collective des émissions de gaz à effet de serre (Goeschl et al, 2017).

De surcroit, les entreprises pourraient même être incitées à monopoliser des technologies vertes, sans pour autant les exploiter, mais uniquement  à des fins promotionnelles auprès des agences de notation. En incitant à des stratégies de propriété intellectuelles défensives, les critères ESG pourraient ainsi devenir des inhibiteurs de l’innovation verte,  à l’opposé de la volonté de leurs principales parties prenantes.

4.10.3  Exemple

Voir Lucie pour récupérer data brevet Ed / marché Loadlock

4.10.4  Propositions de stimulation par les ESG

La sur-classification CPC en Y02, qui permet d'identifier les technologies dites « vertes », est un outil important dans la promotion du développement durable. Elle permet de faciliter la compréhension et l'identification des technologies vertes et de les différencier des technologies conventionnelles. Cette classification peut aider les gouvernements et les entreprises à orienter leurs investissements vers des technologies plus respectueuses de l'environnement et à mettre en place des politiques publiques et des mesures incitatives pour promouvoir l'adoption de ces technologies. En outre, la classification Y02 permet d'encourager la recherche et le développement de nouvelles technologies vertes, il est donc crucial de conserver cette classification, de l’utiliser pour supporter d’autres initiatives, par exemple associées aux notation ESG et de continuer à la développer pour qu'elle soit la plus pertinente possible.

On a vu que les stratégies de propriété intellectuelle visant à réserver des technologies peuvent être contre-productives dans le domaine des technologies vertes, car elles peuvent ralentir l'innovation et limiter la diffusion des technologies (voir §4.10.2). À la place, le système de notation ESG devraient encourager les entreprises à adopter des stratégies de partage des brevets verts. Cela pourrait prendre différentes formes, telles que :

-        La mise en place d’un indicateur de notation ESG qui valorise les entreprises qui proposent des licences sur leurs technologies vertes lorsqu'elles sont mises à disposition de manière gratuite, ou à des prix raisonnables, par exemple sur le modèle FRAND[55]. Au-delà des notes ESG, ce type de comportement doit être supporté par les régulateurs, avec par exemple la mise en place d'aides publiques, lorsque ces technologies sont exploitée par un tiers.

-        Les échanges de licences pourraient également être favorisés entre les entreprises concurrentes. Par exemple lorsqu’une entreprise utilise une technologie concurrente pour l’améliorer et proposer des brevets de perfectionnement viables. On peut imaginer la création de hubs[56] par secteur d'industrie sur le modèle de l'open innovation, où chaque entreprise adhérente partage ses brevets verts et peut proposer des améliorations. Dans ce cas, l'adhésion et l'intensité de la participation pourraient être récompensées par une meilleure notation ESG.

-        La collaboration et l'ouverture pourraient également être récompensées par une meilleure notation ESG, notamment lorsque l'entreprise possède des brevets verts en copropriété avec d'autres compagnies, en particulier lorsqu’il s’agit de brevets concurrents. L’indicateur à prendre en compte par les agences serait alors le nombre de propriétaire, et leur relation ou appartenance à un même segment de marché.

L’ensemble de ces stratégies pourraient être encouragées et récompensées par les notations ESG, donnant ainsi accès à des financements supplémentaires pour les entreprises vertueuses et permettant de favoriser l'innovation dans le domaine des technologies vertes.

 

Figure 11: Récompenser les entreprises qui ont des stratégies de partage plutôt que de réservation.

4.10.5  Proposition de contrainte, adossée à TRIPS

L'article 31[57] des Accords ADPIC (TRIPS)[58] a été une mesure importante pour garantir l'accès aux médicaments génériques à bas prix dans les pays en développement. Il autorise les gouvernements à permettre à des tiers d'utiliser des brevets sans le consentement des titulaires des droits, dans des situations spécifiques. Cela inclut les cas de santé publique, d'urgence nationale ou de circonstances extrêmes. Les pays peuvent appliquer des mesures telles que les licences obligatoires et les utilisations gouvernementales. Toutefois, ces mesures doivent être prises dans le respect de certaines conditions, telles que le versement d'une compensation adéquate aux titulaires de brevets et le fait que ces mesures doivent être limitées à la période et à l'objet nécessaires pour remédier à la crise. L'introduction d'un amendement aux accords TRIPS, qui imposerait des clauses similaires pour les brevets "verts" serait une mesure forte pour contraindre les entreprises à adopter des stratégies de partage de leurs technologies environnementales plutôt que de chercher à les monopoliser. Cela les inciterait à mettre en place des stratégies de propriété industrielle qui favorisent l'ouverture et la collaboration plutôt que la rétention et la restriction. Les entreprises seraient alors encouragées à proposer des licences pour leurs technologies environnementales, à adhérer à des plateformes d'échange de brevets verts et à collaborer avec des concurrents pour développer des technologies environnementales plus efficaces. En fin de compte, l'amendement permettrait de stimuler l'innovation verte et de promouvoir un progrès environnemental plus rapide et plus équitable.

Dans une telle situation, les critères ESG pourraient venir récompenser, grâce à une note favorable, les entreprises qui intégreraient ces nouvelles mesures dans leur stratégies de propriété intellectuelle, de façon proactive et dynamique, plutôt que de tenter de les contourner. Cela permettrait de mettre en place un cercle vertueux où les entreprises qui s'engagent dans des stratégies de partage de brevets seraient mieux notées, en matière d'ESG, ce qui leur donnerait accès à des financements et leur permettrait de poursuivre leurs efforts en matière de durabilité.

4.10.6  Proposition de contrainte, sur le modèle des brevets non-exploitées

Les brevets jouent un rôle important dans la promotion de l'innovation en offrant une protection temporaire contre la concurrence, ce qui permet aux inventeurs de récupérer leurs investissements en recherche et développement. Toutefois, le système des brevets peut parfois avoir des effets négatifs sur l'innovation en raison de la possibilité de monopolisation abusive. On parle ici de situation ou  les détenteurs de brevets ne cherchent pas à exploiter leur technologie, mais plutôt à bloquer d'autres entreprises de l'utiliser en leur refusant une licence, ou en exigeant des redevances exorbitantes. Cette pratique peut entraîner des barrières à l'entrée pour les nouveaux acteurs sur le marché, ce qui réduit la concurrence, peut conduire à des prix plus élevés pour les consommateurs, et surtout limiter le gain environnemental rendu accessible par ces innovations. Les instruments de politique publique disponibles pour réguler le marché des brevets verts, doivent encourager une approche pragmatique pour parvenir à un équilibre entre la protection des intérêts des inventeurs et la promotion de l'innovation verte : les brevets doivent être utilisés de manière stratégique pour encourager les investissements dans la recherche et le développement de technologies vertes, tout en évitant les pratiques anticoncurrentielles. (Gattari, 2013)

En France, l’article L. 613-11 du Code de la propriété intellectuelle prévoit que toute personne peut, à l'expiration d'un délai de trois ans après la délivrance d'un brevet, ou de quatre ans à compter de la date du dépôt de la demande, obtenir une licence obligatoire pour un brevet son propriétaire n'a pas commencé à l’exploiter ou fait des préparatifs effectifs et sérieux pour exploiter l'invention objet du brevet. Cette disposition n’est pas propre à la France, mais commune parmi les pays membres de l’OMC. Aux États-Unis, par exemple, la loi sur les brevets prévoit que le gouvernement peut imposer une licence obligatoire pour un brevet qui n'a pas été exploité pendant une période de temps après son octroi[59]. En Chine[60], en Australie[61], ou encore en Corée du Sud[62], les lois locales sur les brevets permettent à toute personne d'obtenir une licence obligatoire si le brevet n'a pas été exploité de manière satisfaisante pendant trois ans après son octroi. Cette disposition vise à éviter que les brevets ne soient enregistrées à des fins spéculatives ou simplement pour bloquer la concurrence, sans jamais être utilisées. Ainsi, bien que le défaut d’exploitation des brevets ne soit pas interdit en soi, dans de nombreux pays, de culture très différentes, le législateur a mis en place des règles, qui peuvent permettre la mise en œuvre de technologies qui ne sont pas exploitées par ceux qui en ont acquis le monopole.

De la même manière, les critères ESG peuvent certainement inciter les entreprises à adopter une approche plus responsable en matière de propriété intellectuelle, y compris en évitant de bloquer des technologies en les verrouillant avec des brevets sans les utiliser. En effet, la prise en compte des critères ESG peut inciter les entreprises à considérer les aspects sociaux et environnementaux de leur activité et à adopter une approche plus durable. Par exemple, une entreprise qui bloquerait une technologie en la protégeant par des brevets sans l'exploiter pourrait être considérée comme ayant un impact social négatif, car elle empêche l'accès à cette technologie à d'autres entreprises ou à la société en général. En outre, l’impact environnemental de ces entreprises,  pourrait être jugé comme particulièrement défavorable s’il s’agit de brevet portant sur des innovations dites « vertes ». La non-exploitation de brevets par leur propriétaire est donc déjà considérée comme un problème à résoudre par la société et le législateur, et cela doit être pris en compte par les agences de notation ESG. Les rapports de responsabilité sociale des entreprises (RSE) pourraient, par exemple, inclure un taux d'utilisation des inventions brevetées dans les produits vendus (critère social), en particulier pour les brevets classés Y02 (critère environnemental). En comparant ces données entre les entreprises, les investisseurs pourraient identifier celles qui sont les plus vertueuses en matière de gestion des brevets et encourager les entreprises à ne pas bloquer des technologies en les verrouillant avec des brevets sans les utiliser. Cela contribuerait à promouvoir une utilisation plus efficace des brevets, à encourager l'innovation, et les stratégies de partage plutôt que de réservation.

Figure 12: Pénaliser les entreprises qui ont des stratégies de blocage plutôt que de partage.

 En encourageant les entreprises à utiliser leurs brevets et à éviter la monopolisation abusive des technologies, les agences de notation ESG pourraient ainsi inciter les entreprises à réduire les fonds alloués à ces brevets, et à réorienter ces budgets vers la R&D, conduisant à des développements technologiques plus rapides et plus durables. En outre, ces pratiques aideraient à désengorger les offices de brevets : Cela pourrait permettre d'améliorer la qualité des brevets délivrés, en éliminant les brevets inutiles ou ceux qui sont utilisés uniquement pour bloquer les concurrents.

En fin de compte, ce type de mesures pourrait encourager l'innovation verte et la diffusion des technologies. Le système des brevets jouerait un rôle important dans la réalisation de ces objectifs, grâce à cette approche équilibrée qui tiendrait compte des intérêts des différentes parties prenantes : entreprises et inventeurs, offices de brevets, autant que consommateurs et environnement.

 


 

5       RETOUR A LA REALITE DES ENTREPRISES

5.1       Satisfaire ses parties prenantes

Les entreprises ont une responsabilité envers un large éventail de parties prenantes qui peuvent être affectées par leurs activités et leurs décisions. La liste des parties prenantes ne se limitent pas aux actionnaires et aux investisseurs, mais comprend également les employés, les clients, les fournisseurs, les partenaires commerciaux, les autorités réglementaires, les communautés locales, les ONG, l'environnement et d'autres acteurs sociaux. Les entreprises doivent donc générer du profit, tel que demandé par leurs actionnaires, mais aussi prendre en compte les intérêts et les préoccupations de toutes les parties prenantes : Cela peut inclure la protection de l'environnement, les conditions de travail, ou encore la transparence dans les opérations commerciales.[63]

5.1.1     Parties prenantes majeures

Les entreprises ont une responsabilité particulière envers cinq parties prenantes majeures : les actionnaires, les employés, les clients, les communautés locales et la société. (Carroll, 1991)

-        Les actionnaires : les personnes ou les entités qui ont investi dans l'entreprise et qui attendent un retour sur investissement.

-        Les employés : les personnes qui travaillent pour l'entreprise et qui sont affectées par les décisions de l'entreprise en matière d'emploi, de rémunération et de conditions de travail.

-        Les clients : les personnes qui achètent les produits ou les services de l'entreprise et qui ont des attentes en termes de qualité, de sécurité, de service et de valeur pour leur achat.

-        Les communautés locales : les personnes qui vivent et travaillent dans les zones géographiques proches des installations ou des opérations de l'entreprise. Elles ont des attentes spécifiques envers les entreprises, notamment en matière d'emploi, de santé et de sécurité, d'impact environnemental et d'engagement social.

-        La société -dans le sens large-  : c'est-à-dire la communauté de manière générale.

Les attentes de ces parties prenantes peuvent être considérées pour déterminer les stratégies et décisions des entreprises, via la définition de la responsabilité sociale des entreprises (CSR).

5.1.2     Ordonnancement des principales responsabilités des entreprises

Il existe plusieurs niveaux de responsabilité qui s'additionnent et se renforcent mutuellement. Les entreprises peuvent agir de manière responsable et éthique en remplissant chacune de ces responsabilités de manière équilibrée. Quatre niveaux de responsabilité ont été identifiés pour les entreprises. Ces niveaux sont représentés sous forme de pyramide et sont les suivants (Carroll, 1991):

-        La responsabilité économique : ce niveau de responsabilité est considéré comme la base de la pyramide, car il représente l'objectif premier de l'entreprise, qui est de générer des profits pour les actionnaires et d'assurer sa pérennité financière à long terme. Pour remplir cette responsabilité, les entreprises doivent fournir des biens et des services de qualité à un prix juste et concurrentiel, tout en maximisant les bénéfices pour les actionnaires. Les entreprises sont principalement évaluées sur leur capacité à remplir cette responsabilité, celles qui  ne le font pas risquent de disparaître.

-        La responsabilité légale : Les entreprises ont l'obligation de respecter les lois et les réglementations en vigueur dans les pays où elles opèrent. Cela comprend les lois relatives à la sécurité, à la santé, à l'emploi, à l'environnement, à la fiscalité et à la concurrence. Les entreprises qui ne respectent pas ces lois s'exposent à des sanctions légales, telles que des amendes, des poursuites judiciaires ou des interdictions d'exercer. Ainsi, cette responsabilité est imposée aux entreprises, mais il ne s’agit pas d’une contrainte financière.

-        La responsabilité éthique : Les entreprises ont également une responsabilité éthique d'agir de manière responsable et déontologique, même lorsque ça n’est pas exigé par la loi. Cela implique de respecter les normes morales et les valeurs sociales de la société dans laquelle elles opèrent. Les entreprises qui remplissent cette responsabilité ont une attitude proactive envers la responsabilité sociale des entreprises. Par exemple, elles peuvent s'engager dans des pratiques commerciales équitables, promouvoir les droits des travailleurs et des consommateurs, et minimiser leur impact environnemental au-delà du minimum requis.

-        La responsabilité philanthropique : ce niveau de responsabilité se situe au sommet de la pyramide. Les entreprises ont la possibilité, mais pas l'obligation, de s'engager dans des actions bénévoles et des dons caritatifs envers la société, au-delà de leurs obligations économiques, légales et éthiques. Cela comprend des activités telles que des dons à des œuvres de bienfaisance, des programmes de parrainage pour les communautés locales, d’aide à la formation, des initiatives de protection de l'environnement, etc. Ces actions sont souvent motivées par le désir de se faire connaître positivement, de renforcer la marque de l'entreprise ou de renforcer les relations avec les parties prenantes.

 


Figure 14: Ordonnancement des responsabilités des entreprises (Carroll, 1991) et critères d'évaluation de ces entreprises.

Les entreprises peuvent donc mettre en place une gestion morale des parties prenantes en respectant ces quatre niveaux.

5.1.3     Mesure de l’engagement responsable

L'engagement d'une entreprise, dans chaque niveau de responsabilité, doit pouvoir être évalué en fonction de son respect des attentes raisonnables des parties prenantes correspondantes.

Grâce à l'adoption généralisée des normes comptables IFRS[64] dans de nombreux pays, et notamment depuis leur adoption pour les sociétés cotées en bourse par l'Union européenne en 2005, il est maintenant possible d'évaluer facilement la performance financière d'une entreprise – et donc sa responsabilité économique-, et de la comparer avec celles d'autres entreprises.

Ce n’est pas le cas de la responsabilité légale d'une entreprise : elle ne doit pas être évaluée uniquement en comptant le nombre d'actions en justice impliquant l'entreprise. Elle doit également intégrer la capacité de l'entreprise à éviter ou à résoudre les conflits juridiques, à coopérer avec les organismes de réglementation et à communiquer de manière transparente avec les parties prenantes sur les questions légales et réglementaires. L'engagement des entreprises en matière de responsabilité éthique et philanthropique doit, lui, être évalué en examinant les actions qu'elles entreprennent pour répondre aux attentes sociales et éthiques qui dépassent leurs obligations légales.

Les rapports de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), concernant l'implication éthique et philanthropique, peuvent être considérés comme analogues aux rapports financiers, en ce qui concerne la responsabilité économique des entreprises. Les rapports RSE peuvent inclure des informations sur les initiatives de l'entreprise en matière de développement durable, les activités de bénévolat, les dons de bienfaisance, les investissements socialement responsables, ainsi que sur les politiques et les pratiques de l'entreprise en matière de responsabilité sociale. Les rapports de développement durable ou de responsabilité sociale peuvent également inclure des indicateurs clés de performance (KPI) pour mesurer l'impact des initiatives de responsabilité sociale de l'entreprise. Cependant la mesure de l’engagement dans les rapports RSE est souvent biaisée et peu fiable en raison de plusieurs facteurs : Tout d'abord, il n'existe pas de normes claires et universellement acceptées pour mesurer la performance, comme c’est le cas pour les critères économiques. Les entreprises peuvent donc choisir leurs propres critères et indicateurs, ce qui rend difficile la comparaison entre les entreprises et la fiabilité des résultats. De plus, le RSE est souvent mesurée à travers des indicateurs subjectifs dépendants des perceptions des parties prenantes qui peuvent être influencées par des biais et des intérêts différents. Les rapports RSE sont souvent des documents de communication qui mettent en avant les réalisations positives de l'entreprise, et peuvent ne pas refléter complètement les défis et les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre de la RSE.  Enfin, les mesures fournies dans les RSE sont souvent basées sur des données déclaratives fournies par les entreprises elles-mêmes, ce qui peut entraîner des erreurs ou des exagérations intentionnelles, notamment pour ce qui est des informations liées à l’impact environnemental. (Rahman et al., 2012)

5.1.4     Primat de l’économie

La répartition de pouvoir entre les parties prenantes, n’est pas équilibrée. Les investisseurs ont une grande influence sur les entreprises, notamment les investisseurs institutionnels[65], tels que les fonds de pension, les fonds d'investissement et les compagnies d'assurance. Ces investisseurs peuvent détenir une part importante du capital d'une entreprise et ont donc un pouvoir de décision important lors de l'assemblée générale des actionnaires. Par conséquent, les dirigeants d'entreprise peuvent être motivés pour répondre aux attentes des investisseurs en matière de rendement financier et de création de valeur actionnariale, plutôt qu'aux attentes d'autres parties prenantes telles que les employés, les fournisseurs ou la société dans son ensemble. De plus, lorsque la rémunération du dirigeant est liée au rendement des actionnaires, cette relation est encore affaiblie, car les dirigeants auront, d’autant plus, tendance à privilégier la maximisation des bénéfices pour les actionnaires plutôt que les questions sociales et environnementales. (Pucheta-Martinez et al., 2021)

Cependant, il faut noter de plus en plus d'investisseurs cherchent à intégrer des critères ESG dans leurs décisions d'investissement (voir §2.1), ce qui pourrait encourager les dirigeants d'entreprise à adopter une approche plus équilibrée de la création de valeur.

De plus, l'engagement économique est aussi considéré comme le socle des responsabilités des entreprises (§5.1.2) et est mesurable et fiable grâce à l'adoption quasi-unanime de normes comptables (§5.1.3). En revanche, les responsabilités éthiques et philanthropiques ne sont mesurées que dans les rapports de responsabilité sociale d'entreprise (CSR) et par les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), qui présentent des limites en termes de mesure, de transparence et de cohérence (§2.7). Par conséquent, le poids de ces responsabilités n'est pas équitablement réparti, et pour beaucoup d'entreprises, la responsabilité économique est prépondérante par rapport aux autres.

5.1.5     Innovation et profit

Selon la théorie de la "destruction créatrice" développée par l'économiste autrichien Joseph Schumpeter dans les années 1940 [66], les entreprises innovantes sont souvent capables de générer des profits élevés à long terme, car elles sont en mesure de créer et de capturer de la valeur dans de nouveaux marchés. L'innovation est ainsi le principal moteur de la croissance économique.

Les entreprises qui innovent peuvent également générer des profits importants à court terme, même si ces profits ne sont pas forcément durables. Cela est dû à la nature disruptive de l'innovation, qui perturbe les marchés existants et permet aux entreprises innovantes de saisir des parts de marché rapidement. Lorsque leurs profits sont faibles, voir négatifs, le risque de faillite inciter les entreprises à innover. Leur survie est en jeu. Toutes les ressources doivent être mobilisées afin de modifier leurs activités et d'introduire des innovations technologiques et organisationnelles qui lui permettront de survivre. (Antonelli et al., 2008)

Figure 15: Relation quadratique entre profits et innovation (Antonelli et al., 2008)

Une politique d'innovation forte, permettra, avant tout, aux entreprises d’assumer les responsabilité économique, en répondant aux attentes des principales parties prenantes, actionnaires & investisseurs, qui cherchent à générer des profits et à assurer la pérennité financière de l'entreprise à long terme.

5.1.6     Satisfaire toutes les parties prenantes et innover

Les entreprises ayant une orientation forte envers les requêtes de toutes les parties prenantes démontrent une capacité d'innovation supérieure, lorsqu’on l’évalue par le nombre de brevets déposés et le nombre de citations de ces brevets. En prenant en compte les attentes des parties prenantes non-financières, telles que les employés et les communautés locales, ces entreprises parviennent également à améliorer leur performance financière à long terme. Cette approche globale, axée sur la gestion responsable, favorise une croissance plus solide et une meilleure performance financière sur le long terme. De plus, cette relation positive entre l'orientation envers les parties prenantes et l'innovation est renforcée lorsque les entreprises ont des ressources financières et technologiques importantes (Flammer et al., 2016).

5.2       La responsabilité sociale, face aux difficultés financières

Parce que les entreprises moins rentables ont  moins de ressources à consacrer  à  des  activités socialement responsables que celles qui sont profitables, les entreprises dont la performance  financière est faible sont-elles moins susceptibles de s’engager dans un  comportement socialement responsable que les autres ?

?

 

?

 

Figure 16: Y-a-t-il une Corrélation entre la rentabilité d’une entreprise, et l’engagement dans ses responsabilités extra-financières ?

Le cas extrême serait le risque de faillite, ou de grande difficulté financière qui amènerait les entreprises à adopter des comportements court-termistes et socialement irresponsables pour réduire les coûts et augmenter les profits, comme par exemple les sociétés Takata (airbags défectueux)[67] en 2013, ou Spanghero (scandale de la viande de cheval)[68] en 2013. Il est donc possible que la difficulté financière d’une entreprise soit un facteur aggravant. Toutefois, l’histoire regorge de cas d’entreprises ayant adoptés des comportements irresponsables, bien qu’étant en bonne santé financière. Par exemple, les scandales touchant les entreprises Volkswagen (logiciels trompeurs)[69] en 2015, ou Facebook (Cambridge Analytica) en 2015[70] se sont produits au moment où ces sociétés affichaient des résultats financiers solides. On peut aussi citer le cas d’ Enron (manipulation comptable)[71]  en 2001 : la pression pour atteindre des objectifs financiers à court terme, les incitations financières inappropriées et le manque de surveillance et de responsabilité ont profondément enracinés dans la culture d'entreprise d'Enron, la valorisation de la réussite financière coûte-que-coûte, et la tolérance de comportements éthiquement douteux. (Sims et Al., 2003)

L’impact de l’engagement des entreprise dans la responsabilité social, sur leur performance financière a été largement étudié et documenté. A l’inverse, cette étude n’a pas pu identifier de travaux de recherche qui examine et compile, de manière plus rigoureuse,  le sujet de l’impact de la capacité financière d’une entreprise, sur son engagement dans la responsabilité sociale, la question reste donc ouverte ici. Cependant, il a été démontré que cette relation était présente lorsqu'on considérait le domaine spécifique de l'éco-innovation et qu'on étendait l’étude à la capacité globale d'une entreprise, plutôt qu'à sa situation financière seule. Dans ce contexte, la connexion entre les capacités des entreprises et l'éco-innovation est positive et significative, les entreprises possédant de meilleures capacités étant enclines à générer davantage d'éco-innovations. Les capacités d'une entreprise comprennent ici des aspects tels que les compétences, les connaissances et les ressources accessibles pour mettre en place et gérer des innovations respectueuses de l'environnement. (Bitencourt et al., 2020)

5.3       La responsabilité sociale face à une forte pression concurrentielle

Quand la compétition est intense, la quête d'avantages compétitifs à court terme peut pousser les entreprises vers des comportements socialement irresponsables. La concurrence sur les marchés se base souvent sur le prix et la qualité des produits. Les entreprises adoptant des pratiques socialement responsables pourraient ainsi se retrouver en position de désavantage par rapport à celles qui ne le font pas. Si l’on y ajoute une pression excessive des actionnaires pour maximiser les bénéfices à court terme, alors  les entreprises peuvent être incitées à délaisser leur responsabilité sociétale et à mener des pratiques commerciales et environnementales irresponsables. (Quairel-Lanoizele, 2011)

5.4       La responsabilité sociale face à la morphologie de l’actionnariat

Une corrélation notable existe entre la performance sociale des entreprises et la proportion d'investisseurs institutionnels dans leur actionnariat. Comme tous les investisseurs, les institutionnels ont tendance à privilégier les entreprises avec de bonnes performances financières et sont généralement plus attirés par celles ayant un faible ratio d'endettement, car ils sont plus sensibles aux risques associés. Toutefois, les entreprises présentant de meilleures performances sociales attirent également davantage d'investisseurs institutionnels. (Graves et Al., 1994)

Ainsi, l'amélioration de la performance sociale d'une entreprise ne nuit pas à son attrait auprès des investisseurs institutionnels. Au contraire, une meilleure performance sociale a tendance à accroître le nombre d'investisseurs institutionnels détenant des actions de l'entreprise. Cette tendance est, bien sûr, encouragée par les critères ESG et la pression croissante exercée par les clients des investisseurs institutionnels pour leur proposer des investissements socialement responsables (§5.1.4).

5.5       Quel impact si les critères ESG ne sont pas pris en compte

5.5.1     Pour les entreprises nativement vertueuses

Pour ces entreprises, la responsabilité sociétale n’est pas perçue comme un simple outil de différenciation sur les marchés. Elles adoptent des pratiques responsables pour des raisons éthiques et morales, plutôt que pour obtenir un avantage compétitif à court terme. Dans ce cadre, les évaluations ESG les récompensent en leur conférant des bénéfices compétitifs additionnels, tels que l'accès à des financements ISR, l'estime des clients et la reconnaissance de leurs employés. C’est notamment dans le cas des entreprises qui opèrent sur des marchés BtoC[72], leurs initiatives de responsabilité sociale auront un impact positif sur les attitudes et les comportements des consommateurs envers ces entreprises. Les consommateurs réagissent favorablement aux entreprises engagées dans des actions de responsabilité sociale et sont plus enclins à soutenir et acheter leurs produits ou services (Cependant, les réactions des consommateurs peuvent varier en fonction de la perception de sincérité de l'engagement social de l'entreprise) (Sen et al., 2001). Ces avantages auront donc un impact positif sur la capacité d'innovation de l'entreprise (§4.4, §4.9,…).

En résumé, les entreprises qui adoptent naturellement des comportements socialement responsables bénéficieront d'une double récompense : une meilleure innovation et un accès facilité aux financements ISR.

5.5.2     Pour les entreprises au comportement purement financier

Tout d’abord, les entreprises qui négligent leurs responsabilités sociales et se concentrent uniquement sur la rentabilité risquent de se priver des financements liés à l'investissement socialement responsable (ISR). En conséquence, elles manqueront de ressources qui auraient pu soutenir leurs activités de recherche et développement (R&D) et stimuler l'innovation. En revanche, les entreprises qui parviennent à démontrer leur engagement envers la responsabilité sociale ont plus de chances d'attirer des investisseurs et de bénéficier d'une valorisation boursière supérieure. (Von Arx, 2014).

Ensuite, les entreprises les plus responsables, si elles peuvent valoriser leur engagement auprès du public, notamment grâce aux notations ESG, peuvent gagner des parts de marché au détriment de celles qui le sont moins (Sen et al., 2001). Ainsi, les entreprises moins responsables peuvent ainsi subir des baisses de chiffre d’affaire, de leurs bénéfices et donc de possibilités de réinvestissement dans leurs activités de R&D.

Enfin, la performance sociale des entreprises peut avoir un impact positif sur leur attractivité en tant qu'employeurs, en particulier pour certaines populations spécifiques, telles que les jeunes diplômés, les femmes, les minorités ethniques, ou les personnes ayant des valeurs fortes en matière de responsabilité sociale. Ces différentes populations peuvent accorder une importance croissante à la performance sociale des entreprises lorsqu'elles évaluent des opportunités professionelles, en particulier dans les secteurs ou les périodes de forte tension sur le marché de l’emploi (Albinger et al., 2000). Ainsi, le recrutement de nouveaux talents peut devenir particulièrement difficile pour les entreprises qui ont une mauvaise réputation environnementale et sociale. Ces entreprises se privent ainsi de l'accès à un réservoir de talents diversifiés qui pourrait apporter des perspectives uniques, des compétences variées et une pensée innovante. La diversité des talents est souvent considérée comme un moteur de l'innovation, car elle permet d'introduire de nouvelles idées, de remettre en question les conventions et de favoriser la créativité (§3.3). Par conséquent, les entreprises ayant une réputation sociale faible risquent de se retrouver dans une position désavantageuse en termes d'attraction de nouveaux talents compétents et d'exploitation du potentiel d'innovation offert par une main-d'œuvre diversifiée.

 

quelle source indique que des entreprises ont des difficultés de recrutement à cause de leur reputation environnementale?

Il existe plusieurs sources qui ont abordé le sujet des difficultés de recrutement liées à la réputation environnementale des entreprises. Voici quelques exemples :

  1. Étude de Glassdoor : En 2016, Glassdoor, une plateforme de recrutement et de recherche d'emploi, a publié une étude intitulée "L'impact de la réputation environnementale sur les candidats". Cette étude a révélé que 75% des candidats aux États-Unis considéraient la réputation environnementale d'une entreprise comme un facteur important lorsqu'ils recherchent un emploi, et que 69% des candidats refuseraient une offre d'emploi d'une entreprise ayant une mauvaise réputation environnementale.
  2. Étude de ManpowerGroup : En 2019, ManpowerGroup, une entreprise de services de recrutement, a publié une étude intitulée "Sustainable Workforce: Les talents recherchent des entreprises responsables". Cette étude a montré que 73% des travailleurs dans le monde considèrent la réputation environnementale d'une entreprise comme un facteur important lorsqu'ils cherchent un emploi, et que 43% des travailleurs refuseraient un emploi dans une entreprise ayant une mauvaise réputation environnementale.
  3. Étude de Nielsen : En 2015, Nielsen, une entreprise de recherche sur les consommateurs, a publié une étude intitulée "La durabilité, les marques et la réputation : les liens avec les comportements d'achat". Cette étude a révélé que 66% des consommateurs dans le monde sont prêts à payer plus pour des produits provenant d'entreprises ayant une forte réputation environnementale, ce qui suggère que les entreprises ayant une mauvaise réputation environnementale peuvent rencontrer des difficultés pour attirer des talents et des clients.

Ces sources fournissent des données et des perspectives sur l'importance croissante de la réputation environnementale des entreprises dans le processus de recrutement. Elles indiquent que les candidats et les travailleurs sont de plus en plus sensibles à l'impact environnemental des entreprises et qu'ils peuvent éviter de travailler pour des entreprises ayant une mauvaise réputation environnementale.

 

 


 

6       CONCLUSION

Dans un monde de plus en plus globalisé, où la concurrence s'intensifie et où l'innovation devient un impératif pour rester compétitif, le public et les institutions prêtent une attention croissante aux aspects extra-financiers de leurs investissements. En réponse à cette tendance, le financement responsable a évolué pour inclure une évaluation de la performance ESG par des agences spécialisées. Malgré ses imperfections, ce système de notation offre un aperçu clair de la performance extra-financière des entreprises, rendant cette information accessible à tous.

Ces agences ESG ont toutes des méthodes de collecte, des systèmes de notation et de catégorisation différentes. Néanmoins, malgré cette diversité, on peut identifier des orientations communes majeures. Cette étude a ainsi permis de distinguer 24 grandes catégories (9 Environnementales, 11 Sociales, 4 de Gouvernance) formant la base de ce système de notation.

De même, bien qu'il n'existe pas de liste exhaustive des facteurs influençant l'innovation dans les entreprises, il est possible de regrouper ces facteurs d'influence en une quinzaine de grandes familles. Il convient toutefois de noter que cette étude présente certaines limites, dont le fait que les principales catégories ESG sont basées sur l’examen d’un échantillon limité à trois agences alors qu'il en existe des dizaines, et que la liste des facteurs d'influence sur l'innovation n'est pas exhaustive et s'inspire principalement de l'expérience de l'auteur.

Une fois cette base de travail établie, l'étude a cherché à établir des liens possibles entre les principales catégories des notations ESG et les facteurs d'influence sur l'innovation. Il en ressort qu'en intégrant les critères ESG, les entreprises peuvent influencer positivement leur dynamique d'innovation de deux manières distinctes. D'une part, certains comportements vertueux ont un impact direct sur les critères ESG et simultanément sur l'innovation des entreprises. C'est le cas par exemple de la diversité des équipes techniques ou du conseil d'administration, ou encore de l'accès à la formation.

D'autre part, en améliorant leur performance sur certains critères ESG, les entreprises peuvent indirectement accroître leur capacité d'innovation. Ainsi, l'étude a démontré qu'une entreprise adoptant des pratiques durables peut faire évoluer sa culture interne et, par cette voie, sa capacité d'innovation. De même, l'amélioration des conditions de travail des employés peut renforcer les relations sociales au sein de l'entreprise, stimulant ainsi la créativité et l'innovation.

De plus, les notations ESG peuvent avoir un impact significatif sur les stratégies de propriété intellectuelle en incitant à l’investissement dans la recherche et développement pour la création de produits durables et le dépôt de brevets verts.

Il convient toutefois de noter que cette incitation peut créer un biais important : les entreprises pourraient être tentées de monopoliser des technologies vertes grâce à des brevets, sans pour autant les exploiter, mais uniquement dans un but promotionnel auprès des agences de notation ESG. En encourageant des stratégies de propriété intellectuelle défensives, les critères ESG pourraient ainsi inhiber l'innovation verte, à l'opposé des attentes de leurs principales parties prenantes. À cet égard, les critères ESG devraient évoluer pour favoriser les entreprises qui partagent leurs technologies, par exemple par le biais de licences à des conditions raisonnables.

Une autre solution pourrait consister à intégrer une note de ‘stratégie de propriété intellectuelle’ dans les critères ESG, révélant le ratio de brevets utilisés dans les produits vendus.

Adopter des pratiques durables et responsables a donc, globalement, un effet positif à la fois sur les notations ESG et sur l'innovation. Ainsi, les entreprises qui s'engagent dans cette voie sont doublement récompensées : par une meilleure innovation et par un accès facilité aux financements ISR. Pourtant, les entreprises et leurs dirigeants peuvent être confrontés à des réalités de terrain les incitant à délaisser leurs responsabilités sociales, en particulier en cas de grandes difficultés financières, d'hyper-concurrence, ou si les actionnaires se concentrent uniquement sur la performance financière. Finalement, les entreprises qui ne tiennent pas compte de l'importance croissante de leur responsabilité sociale et environnementale s'exposent à de graves risques. Elles seront moins innovantes que les entreprises plus vertueuses et se verront progressivement éclipsées par ces dernières.

 

7       ANNEXE

7.1       Catégories d’enjeux ESG par MSCI

PILLAR

CATEG.

THEME

DESCRIPTION

ENVIRONMENTAL

CLIMATE CHANGE

Carbon Emissions

Companies are evaluated on the carbon intensity of their operations and their efforts to manage climate-related risks and opportunities.

Product Carbon Footprint

Companies are evaluated on the carbon intensity of their products and their ability to reduce the carbon footprint in their supply chains or in the use of their products and services.

Climate Change Vulnerability

Insurance companies are assessed on the physical risk that climate change may pose to insured assets or individuals.

Financing Environmental Impact

Financial institutions are evaluated on the environmental risks of their lending and underwriting activities and their ability to capitalize on opportunities related to green finance.

NATURAL CAPITAL

Water Stress

Companies are evaluated on the water intensity of their operations, the water stress in their areas of operation and their efforts to manage water-related risks and opportunities.

Biodiversity & Land Use

Companies are evaluated on the potential impact of their operations on biodiversity in their areas of operation and their efforts to manage the environmental impact of their operations.

Raw Material Sourcing

Companies are evaluated on the environmental impacts of the raw materials used in their products and their efforts around supply chain traceability and certification

POLLUTION & WASTE

Toxic Emissions & Waste

Companies are evaluated on the potential environmental contamination and toxic or carcinogenic emissions arising from their operations and the strength of their environmental management systems.

Packaging Material & Waste

Companies are evaluated on their production of or reliance upon packaging materials, their potential exposure to waste management and packaging regulations and their efforts to reduce the environmental impact of packaging materials.

Electronic Waste

Companies are evaluated on their production of electronic waste, their potential exposure to e-waste regulations and their efforts around product collection and recycling.

ENVIRONMENTAL OPPORTUNITIES

Opportunities in Clean Tech

Companies are evaluated on their clean tech innovation capacity, strategic development initiatives, and revenue generated from clean technologies.

Opportunities in Green Building

Companies are evaluated based on the resource consumption and carbon intensity of their property assets, their potential exposure to environmental building regulations and their efforts to improve the environmental performance of their real estate assets.

Opportunities in Renewable Energy

Companies are evaluated on their efforts to develop renewable power generation capacity and/or enable renewable power development through network expansion and "green power" offerings.

SOCIAL

HUMAN CAPITAL

Labor Management

Companies are evaluated on the complexity of their workforce (size, labor intensity, and regions of operation), the relationship between management and labor, the strength of worker protections, and their employee engagement efforts.

Health & Safety

Companies are evaluated on their management of workplace safety and the workplace safety standards in the industries and regions in which they operate.

Human Capital Development

Companies are evaluated on their workforce talent requirements and their ability to attract, retain, and develop a highly skilled workforce.

Supply Chain Labor Standards

Companies are evaluated on the management and transparency of their supply chain and the working standards in the regions in which their suppliers are located.

PRODUCT LIABILITY

Product Safety & Quality

Companies are evaluated on their exposure to possible recalls or product safety concerns, the strength of their supply chain and sourcing systems, their quality management efforts in manufacturing and their responsible marketing practices

Chemical Safety

Companies are evaluated on the possible presence of harmful chemicals in their product portfolio, their potential exposure to strengthening or pending chemical regulations and their efforts to develop less harmful alternatives

Consumer Financial Protection

Financial institutions are evaluated on product stewardship and transparency, including efforts to mitigate potential reputational and regulatory risks arising from unethical lending practices or mis-selling financial products to consumers.

Privacy & Data Security

Companies are evaluated on the amount of personal data they collect, their exposure to evolving or increasing privacy regulations, their vulnerability to potential data breaches, and their systems for protecting personal data.

Responsible Investment

Companies are evaluated on their integration of environmental, social and governance considerations in the management of their own assets or the assets they manage on behalf of others.

STAKEHOLDER OPPOSITION

Community Relations

Companies are evaluated on their management of local community relations, policies on conflict and human rights, and efforts to distribute benefits to local communities.

Controversial Sourcing

Companies are evaluated on their dependence on and purchasing volume of raw materials procured from conflict areas and their efforts around traceability and certification.

SOCIAL OPPORTUNITIES

Access to Finance

Companies are evaluated on their efforts to expand financial services to historically underserved markets, including small business lending and the development of innovative distribution channels.

Access to Health Care

Companies are evaluated on their efforts to expand health care products and services to developing countries and underserved markets (e.g. low regional physician concentration), including equitable pricing mechanisms, patents, capacity advancement and product donations.

Opportunities in Nutrition & Health

Companies are evaluated on the nutritional content of their food products and their efforts to introduce products with an improved nutritional or health profile.

GOUVERNANCE

 

Governance

This pillar evaluates the impact companies' corporate governance and business ethics practices have on investors. All companies are assessed on all Governance Key Issues, including Ownership & Control, Board, Pay, Accounting, Business Ethics, and Tax Transparency.

CORPORATE GOUVERNANCE

Ownership & Control

Companies are evaluated on their equity ownership structure and its potential impact on shareholder rights and the interests of other investors. This is a Key Issue in the Governance Pillar and is relevant for all companies.

Board

Companies are evaluated on the effectiveness of their board in overseeing management and corporate strategy, protecting investor value, and representing the interests of shareholders. This is a Key Issue in the Governance Pillar and is relevant for all companies.

Pay

Companies are evaluated on the alignment between their pay and other incentive practices and corporate strategy. This is a Key Issue in the Governance Pillar and is relevant for all companies.

Accounting

Companies are evaluated on the transparency, independence and effectiveness of their audit and financial reporting practices. This is a Key Issue in the Governance Pillar and is relevant for all companies.

CORPORATE BEHAVIOR

Business Ethics

Companies are evaluated on their oversight and management of business ethics issues such as fraud, executive misconduct, corrupt practices, money laundering, or anti-trust violations. This is a Key Issue in the Governance Pillar and is relevant for all companies.

Tax Transparency

Companies are evaluated on their estimated corporate tax gap (i.e. gap between estimated effective tax rate and estimated corporate income tax rate), revenue reporting transparency and their involvement in tax-related controversies. This is a Key Issue in the Governance Pillar and is relevant for all companies.

 

7.2       Catégories d’enjeux ESG par Sustainalytics

THEME

DESCRIPTION

Corporate Governance

Management Quality & Integrity; Board Structure and diversity; Ownership & Shareholder Rights; Remuneration; Audit & Financial Reporting; and Stakeholder Governance. These six pillars represent foundational structures for the management of ESG risks.

Access to Basic Services

Access to Basic Services focuses on the management of access to essential products or services such as health care services and products to disadvantaged communities or groups.

Bribery and Corruption

Bribery and Corruption focuses on the management of risks related to alleged or actual illicit payments, such as kickbacks, bribes and facilitation payments to government officers, suppliers or other business partners, as well as the receipt of those payments from suppliers or business partners. If these are not material in their own right for a subindustry, these issues are handled within MEI.4 Business Ethics.

Business Ethics

Business Ethics focuses on the management of general professional ethics, such as taxation and accounting, anti-competitive practices and intellectual property issues. Business Ethics may include Bribery and Corruption for subindustries that do not have Bribery and Corruption as a separate material ESG issue. Additional subindustry-specific topics – such as Medical Ethics and Ethics regarding the provision of Financial Services, etc. – may also be included in this issue. In additional, ethical considerations related to customer selection may also be included here for some subindustries if products or services may be used to violate Human Rights, for example.

Community Relations

Community Relations focuses on how companies engage with local communities (including indigenous peoples) through community involvement, community development and/or measures to reduce negative impacts on local communities.

Data Privacy and Security

Data Privacy and Security focuses on data governance practices, including how companies collect, use, manage and protect data. The emphasis is on measures taken to ensure safe and secure use and/or maintenance of customers’ personally identifiable data.

Emissions, Effluents and Waste

Emissions, Effluents and Waste focuses on the management of emissions and releases from a company’s own operations to air, water and land, excluding GHG emissions. Depending on the subindustry, emphasis is put on one or several of these waste streams.

Carbon – Own Operations

Carbon – Own Operations refers to a company’s management of risks related to its own operational energy use and GHG emissions (scope 1 and 2). It also includes parts of Scope 3 emissions, such as transport and logistics. It does not include emissions in the supply chain or during the use phase/end-of-life cycle of a product.

PS Carbon – Products and Services

Carbon – Products and Services refers to a company’s management of the energy efficiency and/or GHG emissions of its services and products during the use phase. This does not include carbon risks related to financial services, which are considered within MEI.17 ESG Integration – Financials.

 E&S Impact of Products and Services

E&S Impact of Products and Services refers to the management of environmental or social impacts of products or services, including: inherent characteristics of input materials, both positive and negative, and impacts during use, disposal and recycling. E&S Impact of Products and Services may include carbon impacts if Carbon – Products and Services is not regarded as a material ESG issue for the subindustry.

Human Rights

Human Rights focuses on how companies manage and respect fundamental human rights within their own operations. Emphasis is on measures taken to protect civil and political rights as well economic, social and cultural rights, including child and forced labour.

SC Human Rights – Supply Chain

Human Rights – Supply Chain focuses on a company’s management of fundamental human rights issues occurring in its supply chain. For subindustries that rely on conflict minerals, this also includes a company’s handling of conflict minerals in its supply chain.

Human Capital

Human Capital focuses on the management of human resources. It includes the management of risks related to scarcity of skilled labour through retention and recruitment programmes and includes career development measures such as training programmes. Additionally, it includes labour relations issues, such as the management of freedom of association and non-discrimination, as well as working hours and minimum wages.

Land Use and Biodiversity

Land Use and Biodiversity focuses on how companies manage the impact of their operations on land, ecosystems and wildlife. Topics covered include land conversion, land rehabilitation and forest management, as well as the protection of biodiversity and ecosystems.

SC Land Use and Biodiversity – Supply Chain

Land Use and Biodiversity – Supply Chain focuses on how companies manage the impact of their suppliers’ operations on land, ecosystems and wildlife.

Occupational Health and Safety

Occupational Health and Safety focuses on the management of workplace hazards affecting a company's own employees and on-site contractors. Where relevant, the issue may also include HIV/AIDS programmes.

ESG IntegrationFinancials

ESG Integration – Financials includes all ESG integration activities by financial institutions that are either driven by financial downside risk considerations or by business opportunity considerations. This issue includes an institution’s own current assets, including direct investments, corporate credits or stakes in project financing, as well as assets managed for clients. Product offerings can span a wide spectrum of product types, starting with ESG investment funds, microfinance products, etc. The issue also includes the consideration of ESG criteria in real estate investments, such as green building initiatives.

Product Governance

Product Governance focuses on how companies manage their responsibilities vis-à-vis clients (quality and/or safety of their products and services). Emphasis is put on quality management systems, marketing practices, fair billing and post-sales responsibility. For Media companies, this issue also includes the management of content-related standards, such as journalistic standards and the protection of sources (Media Ethics).

Resilience

Resilience focuses on the financial stability and the management of related risks in the financial services industry, with emphasis on compliance with capital requirements. This issue applies to financial institutions that pose systemic risks and therefore potential external costs to society in case of bailouts by taxpayers.

Resource Use

Resource Use focuses on how efficiently and effectively a company uses its raw material inputs (excluding energy and petroleum-based products) in production and how it manages related risks. Though water use is a main focus, the issue can also include the management of critical raw materials that are either scarce or difficult to access, through recycling programmes, the substitution of less scarce materials and/or eco-design.

SC Resource Use – Supply Chain

Resource Use – Supply Chain focuses on how efficiently and effectively a company manages risks related to water scarcity and raw material inputs (excluding energy and petroleum-based products) within its supply chain.

 

7.3       Catégories d’enjeux ESG par Refinitiv

Pillars

Cat.

Themes

Data points

Environmental

Emmission

Emissions

TR.AnalyticCO2

Waste

TR.AnalyticTotalWaste

Biodiversity*

Environmental management systems*

Innovation

Product innovation

TR.EnvProducts

Green revenues, research and development (R&D) and capital expenditures (CapEx)

TR.AnalyticEnvRD

Resource use

Water

TR.AnalyticWaterUse

Energy

TR.AnalyticEnergyUse

Sustainable packaging*

Environmental supply chain*

Social

Community

Equally important to all industry  groups, hence a median weight

of five is assigned to all

Human rights

Human rights

TR.PolicyHumanRights

Product responsibility

Responsible marketing

TR.PolicyResponsibleMarketing

Product quality

TR.ProductQualityMonitoring

Data privacy

TR.PolicyDataPrivacy

Workforce

Diversity and inclusion

TR.WomenEmployees

Career development and training

TR.AvgTrainingHours

Working conditions

TR.TradeUnionRep

Health and safety

TR.AnalyticLostDays

Governance

CSR strategy

CSR strategy

Data points in governance category and governance pillar

ESG reporting and transparency

Management

Structure (independence, diversity, committees)

Data points in governance category and governance pillar

Compensation

Shareholders

Shareholder rights

Data points in governance category and governance pillar

Takeover defenses

*No data points available that may be used as a proxy for ESG magnitude/materiality

 

7.4       Notation des principales agences ESG pour une sélection d’exemples

Sustainalytics

Refinitiv

MSCI

E

S

G

Somme

E

S

G

Moy.

Note

MICRON

6,6

5,1

5,8

17,5

64

81

70

72

A

2,4

SAMSUNG

1

7,1

11,5

19,6

63

91

85

80

A

2,5

STμ

7,5

5,6

5,1

18,2

94

91

90

92

AA

2,3

INTEL

4,4

5,9

7

17,3

90

84

85

86

AA

2,2

NXP

8,7

7,4

5,6

21,6

68

79

82

76

AA

2,4

HYNIX

6,5

5,5

6,5

18,5

64

75

94

78

A

2,3

MOY.

5,8

6,1

6,9

18,8

73,8

83,5

84,3

80,6

2,4

σ

2,7

0,9

2,3

1,6

14,2

6,5

8,2

7,3

0,1

 

 


 

8       BIBLIOGRAPHIE

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[1] Groupe religieux chrétien protestant, fondé par George Fox en 1652, qui a émergé en Angleterre au XVIIe siècle. Les Quakers sont connus pour leur utilisation du silence dans leurs réunions de culte.  Ils ont été à l'avant-garde de nombreuses causes sociales, telles que l'abolition de l'esclavage, les droits des femmes et la promotion de la justice sociale.

[2] Les "sin stocks" (littéralement, les "actions du péché") font référence à des actions d'entreprises opérant dans des secteurs controversés tels que le tabac, l'alcool, le jeu et les armes. Ces actions sont considérées comme "pécheresses" car elles sont associées à des comportements considérés comme nuisibles pour la santé, la société ou l'environnement.

[3] ISR : Investissement Socialement Responsable

[4] UN PRI : de l’anglais « United Nations Principles for Responsible Investment" .

[5] UNPRI ANNUAL REPORT, 2022

[6] Les lois NRE (Nouvelles Régulations Économiques) ont été instaurées en France sous le gouvernement de Lionel Jospin en 2001. Le ministre de l'Économie et des Finances de l'époque, Laurent Fabius, avait été chargé de mettre en place ces lois visant à moderniser l'économie française.

[7] Directive 2022/2464 du parlement européen  du 14 décembre 2022 sur la publication d’informations en matière de durabilité par les entreprises. Publié au Journal officiel de l’Union européenne le 16 décembre 2022.

[8] https://www.sustainalytics.com/corporate-solutions/esg-solutions/top-rated-companies#:~:text=Sustainalytics'%20ESG%20Risk%20Ratings%20cover,in%20our%20global%20research%20universe.

[9] https://www.refinitiv.com/fr/sustainable-finance/esg-scores#:~:text=Les%20donn%C3%A9es%20ESG%20sont%20conserv%C3%A9es,000%20entreprises%20dans%20le%20monde.

[10] LSEG : London Stock Exchange Group

[11] https://www.ftserussell.com/data/sustainability-and-esg-data/esg-ratings

[12] https://www.msci.com/our-solutions/esg-investing/esg-ratings-climate-search-tool#:~:text=MSCI%20ESG%20Ratings%20Search%20tool%20intro%20para&text=Our%20public%20ESG%20Ratings%20%26%20Climate,Country%20World%20Index%20(ACWI).

[13] https://insight.factset.com/resources/at-a-glance-iss-esg-corporate-rating#:~:text=The%20ISS%20ESG%20Corporate%20Rating%20covers%20over%207%2C300%20distinct%20corporate,relevant%20global%20and%20national%20indices.

[14] Le « machine learning » ou « apprentissage automatique » en français est un champ d'étude de l'intelligence artificielle qui se fonde sur des approches mathématiques et statistiques pour donner aux ordinateurs la capacité d'« apprendre » à partir de données, c'est-à-dire d'améliorer leurs performances à résoudre des tâches sans être explicitement programmés pour chacune. (Source : Wikipedia)

[15]https://www.reprisk.com/#:~:text=RepRisk%20runs%20the%20world's%20largest,%2C%20real%20assets%2C%20and%20countries.

[16]http://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://www.blackrock.com/corporate/literature/continuous-disclosure-and-important-information/tcfd-report-2022-blkinc.pdf

[17]ttps://www.nl.vanguard/content/dam/intl/europe/documents/en/climate-change-tcfd-report_en-eu.pdf

[18] https://www.calvert.com/media/34498.pdf

[19] https://query.prod.cms.rt.microsoft.com/cms/api/am/binary/RE4Phgw

[20]ttps://media.about.nike.com/files/a9da025c-fc41-486c-99df-bfb41bef2d41/Nike-Inc.-FY21-Impact-Report_Data_Master_5.20.2022.xlsx

[21]https://www.coca-colacompany.com/content/dam/journey/us/en/reports/coca-cola-business-environmental-social-governance-report-2021.pdf

[22]https://assets.unilever.com/files/92ui5egz/production/97c1bd3147756e76c4babee8b6be953f271f66bb.pdf/annual-report-2021-22--single-page-view--tcm1255-561873-1-en.pdf

[23] https://www.nestle.com/sites/default/files/2023-03/creating-shared-value-sustainability-report-2022-en.pdf

[24]Le « greenwashing », ou écoblanchiment, est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation pour se donner une image trompeuse de responsabilité écologique. La plupart du temps, les dépenses consenties concernent davantage la publicité que de réelles actions en faveur de l'environnement et du développement durable. (Source : Wikipedia)

[25] La  responsabilité sociale des entreprises (RSE, en anglais CSR pour corporate social responsibility) désigne la prise en compte par les entreprises, sur une base volontaire, et parfois juridique(Par exemple article 116 des NRE en France), des enjeux environnementaux, sociaux, économiques et éthiques dans leurs activités. Les activités des entreprises sont ici entendues au sens large : activités économiques, interactions internes (salariés, dirigeants, actionnaires) et externes (fournisseurs, clients, autres) (Source : Wikipedia)

[26] On intègre, ici, dans le terme « conformité règlementaire » les différentes normes, législations, et directives institués par les régulateurs officiels.

[27]https://www.refinitiv.com/content/dam/marketing/en_us/documents/methodology/refinitiv-esg-scores-methodology.pdf

[28] https://www.msci.com/our-solutions/esg-investing/esg-ratings

[29]ttps://www.refinitiv.com/content/dam/marketing/en_us/documents/methodology/refinitiv-esg-scores-methodology.pdf

[30] https://www.msci.com/our-solutions/esg-investing/esg-industry-materiality-map

[31] « Green House Gases » en anglais ou GES pour Gas à Effet de Serre en français.

[32] Les différents scopes qui catégorisent les émissions de GES des entreprises sont définis par le protocole de Kyoto (1997). Scope 1 : émissions directes de GES produites par l'entreprise elle-même. Scope 2 : les émissions de GES indirectes liées à la production, par d'électricité, de chaleur ou de vapeur achetée à des tiers par l'entreprise.

[33] Scope 3 : les émissions indirectes qui résultent des activités de l'entreprise mais qui sont produites par des sources qui n'appartiennent pas à l'entreprise, comme les émissions de gaz à effet de serre provenant de la production des matières premières, des transports des produits finis ou encore des déchets produits par l'entreprise

[34] Wikipedia : Semiconductor fabrication plant

[35] Wikipedia

[36] https://www.sustainalytics.com/esg-rating

[37] https://www.refinitiv.com/fr/sustainable-finance/esg-scores

[38] https://www.msci.com/our-solutions/esg-investing/esg-ratings-climate-search-tool

[39]https://www.sustainablefinance.ch/upload/cms/user/SSF_Guide_de_linvestissement_durable_2016_11_28_einseitig_Web.pdf

[40] Culture de clan, ou culture familiale

[41] « Sequential Thinker » en anglais, personnes qui ont tendance à traiter l'information de manière linéaire et ordonnée, en suivant une série de règles établies et en appliquant des procédures logiques pour résoudre les problèmes.

[42] Les penseurs connectifs ou « Connective thinkers » sont des individus qui ont la capacité de connecter des idées apparemment non liées pour produire des solutions créatives à des problèmes complexes.

[43] Services culturels tels que les arts visuels, la musique, le cinéma, la télévision, les médias interactifs, la publicité, la mode et le design.

 

[44] Wikipedia: Histoire d’Apple

[45] CHAUDHRI et al. (2005-12-23) Unlocking a device by performing gestures on an unlock image (US patent # 11086507). USPTO.

[46] Terme emprunté dans (Corbel, 2004) à POWELL, Walter W., KOPUT, Kenneth W., et SMITH-DOERR, Laurel. Interorganizational collaboration and the locus of innovation: Networks of learning in biotechnology. Administrative science quarterly, 1996, p. 116-145.

[47] Qualcomm press release (2018, Jan 30), Qualcomm and Samsung Amend Long-term Cross-License Agreement  https://www.qualcomm.com/news/releases/2018/01/qualcomm-and-samsung-amend-long-term-cross-license-agreement

[48]https://www.unilever.com/files/92ui5egz/production/16cb778e4d31b81509dc5937001559f1f5c863ab.pdf

[49] https://www.greatplacetowork.fr/ressources/articles/innovation-activez-vous-les-bons-leviers-dans-votre-organisation/

[50] Les HPWS « High-Performance Work Systems » sont des systèmes d’organisation des ressources humaines caractérisés par une forte implication des employés dans la prise de décision, une communication ouverte et transparente entre les différents niveaux hiérarchiques, des programmes de formation et de développement des compétences pour les employés, une rémunération basée sur la performance, et des pratiques de gestion des ressources humaines qui encouragent l'engagement et la motivation des employés.

[51] Les termes « business to business », ou  B2B (prononcés /bi.tu.bi/), désignent l'ensemble des activités d'une entreprise visant une clientèle d'entreprises. On l'appelle aussi parfois « marché professionnel », par opposition au « marché grand public ». (Source : Wikipedia)

[52] Y02 : Cette classe couvre les technologies sélectionnées, qui contrôlent, réduisent ou préviennent les émissions anthropiques de gaz à effet de serre [GES], dans le cadre du Protocole de Kyoto et de l'Accord de Paris, ainsi que les technologies qui permettent de s'adapter aux effets néfastes du changement climatique. (Source : site internet de l’OEB)

[53] La Classification coopérative des brevets (CPC) est une extension de la Classification internationale de brevets (CIB) et est gérée conjointement par l'OEB et l'Office des brevets et des marques des Etats-Unis. Elle est divisée en neuf sections, A-H et Y, à leur tour subdivisées en classes, sous-classes, groupes et sous-groupes. La CPC comporte environ 250 000 entrées de classification. (Source : site internet de l’OEB)

[54] DPI : Droits de Propriété Intellectuelles

[55] Une licence FRAND (Fair, Reasonable, and Non-Discriminatory) est une licence de brevet qui est accordée à des tiers pour l'utilisation de technologies brevetées essentielles pour la mise en œuvre de normes techniques. Elle offre un accès équitable aux technologies brevetées essentielles pour la mise en œuvre de normes techniques, sans discrimination, à des conditions raisonnables et non discriminatoires pour les parties concernées. (Source : Wikipedia)

[56] On entend ici, par « hub » de brevet une plateforme de mise en commun de brevets détenus par plusieurs entreprises ou organisations, afin de favoriser l'innovation et la création de nouvelles technologies.

[57] https://www.wto.org/french/docs_f/legal_f/27-trips_04c_f.htm#article31

[58] L'Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce ADPIC, (en anglais, Agreement on Trade-Related Aspects of Intellectual Property Rights : TRIPS) est un texte de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a pour but d'intégrer les droits de propriété intellectuelle (droits d'auteur, marques de fabrique ou de commerce, brevets, etc.) dans le système de l'OMC. Cet accord, adopté le 15 Avril 1994, applique les principes du système commercial aux droits de propriété intellectuelle.

[59] United States Code, Title 35, Chapter 28, Section 203 "March-in rights".

[60] Loi de la République populaire de Chine sur les brevets (2021), article 48.

[61] Australian Government, Intellectual Property Laws Amendment Act 2012, Section 133.

[62] Korean Patent Act, article 101.

[63] Théorie des parties prenantes de R. Edward Freeman, 1984.

[64] Les IFRS (de l’anglais : « International Financial Reporting Standards ») sont produites par le Bureau international des normes comptables (International Accounting Standards Board, IASB). Il s’agit d’ un ensemble de normes (règles) définissant les méthodes de comptabilisation. Chaque pays a son propre référentiel, qui peut être plus ou moins éloigné des IFRS. Son adoption pour les sociétés cotées permet d’accroître la comparabilité des états financiers de sociétés d'un même secteur dans des pays différents et a fortiori permettre des choix d'investissement plus pertinents. (Source : Wikipedia)

[65] Les investisseurs institutionnels sont des organismes collecteurs d’épargne dont les engagements et/ou les actifs sont régis par un texte législatif ou réglementaire. Les rendements tirés de leurs investissements leur permettent de couvrir leurs engagements à moyen ou long terme.

La particularité des investisseurs institutionnels réside dans le fait qu’ils ne disposent pas directement des capitaux qu’ils investissent, ils agissent pour le compte des ayants droit souscrivant à leurs contrats. Par conséquent, la gestion des actifs est particulièrement réglementée, elle est institutionnalisée. (Source : Wikipedia)

 

[66] Schumpeter, J. A. (1942). Capitalism, Socialism and Democracy

[67] Takata a dissimulé les défauts des coussins gonflables (« airbags ») que la société produisait jusqu’en 2013. Ils pouvaient se déployer avec une force excessive et projeter des éclats de métal dans l'habitacle. Ce défaut a causé 27 accidents mortels, et fait des centaines de blessés. Takata a fait faillite en 2017. (Source : Wikipedia)

[68]La fraude à la viande de cheval de 2013 est une fraude alimentaire commise à l'échelle européenne en faisant passer de la viande de cheval pour de la viande de bœuf. Au cœur du scandale, la société de négoce en viande Spanghero déposera le bilan en 2013. (Source Wikipedia)

[69] L'affaire Volkswagen, aussi appelée « dieselgate », est un scandale industriel et sanitaire lié à l'utilisation par le groupe Volkswagen, de 2009 à 2015, de différentes techniques visant à réduire frauduleusement les émissions polluantes (de NOx et de CO2) de certains de ses moteurs diesel et essence lors des essais d'homologation. (Source Wikipedia)

[70] Le scandale Facebook-Cambridge Analytica ou la fuite de données Facebook-Cambridge Analytica renvoie aux données personnelles de 87 millions d'utilisateurs Facebook que la société Cambridge Analytica (CA) a commencé à exploiter à partir du début de l'année 2014. Ces informations ont servi à influencer les intentions de vote en faveur d'hommes politiques qui ont retenu les services de CA et en particulier une plateforme logicielle dénommée « Ripon » créée par AggregateIQ2. (Source : Wikipedia)

[71] Le scandale Enron, ou affaire Enron, est un cas de fraude et de manipulation financière découvert en 2001, qui s’est soldé par la faillite de l’entreprise Enron, un temps septième capitalisation des États-Unis, et par le démantèlement et la disparition de facto de son auditeur Andersen. Il s'agit à l'époque de la plus grande faillite de l'histoire américaine. (Source : Wikipedia)

[72] L'expression « business to consumer », en abrégé « B to C » ou « B2C » — prononcer [biː.tuː.siː] — (sous entendu commerce) , en français « commerce entre entreprises et particuliers », désigne les modèles d’affaires qui mettent en relation des entreprises avec des particuliers.